A la veille de la visite du Pape Leo XIV a la fin de ce mois, et avec le retour attendu de l'émissaire présidentielle américaine Morgan Ortagus, et la réponse spontanée du Président Trump sur son intention d'inviter le président libanais a la Maison Blanche, peut-on voir les indices d'un processus positif concernant le Liban ?

En tout état de cause, qui revient à Beyrouth venant de Washington constate que l'atmosphère médiatique au Liban projette une chape de plomb sur la situation, accroissant les soucis et les peines. Elle relaie des avertissements, exagère les positions et peint des scénarios qui s'apparentent davantage à une élégie des efforts positifs pour résoudre la situation, sans contribuer par une seule idée positive qui aidera à dissiper le paysage lugubre.

La vérité est que rien n'a changé. Mais le malheur aussi, c'est que rien n'a changé, d'autant que les amis du Liban qui lui sont attachés lui ont demandé d'initier le changement pour pouvoir le rencontrer à mi-chemin.

Ce dont le Liban a besoin et ce que ses amis internationaux lui conseillent est désormais bien connu. L'intérêt du Liban commence par la mise en œuvre des décisions gouvernementales, dont les principes ont été énoncés dans le discours d'investiture présidentielle et dans la déclaration du Premier ministre désigné, Nawaf Salam, suite à sa mission de former un gouvernement. La plus importante de ces décisions est de rétablir l'autorité de l'État sur l'ensemble de son territoire, en commençant par neutraliser le rôle des groupes armés à l'intérieur et démanteler leurs structures militaires et sécuritaires, jusqu'à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions et se retire des positions qu'il a occupées. En outre, le Liban doit promulguer les lois de la réforme avec leurs décrets d'application, et réformer, rationaliser et moderniser l'administration avant de commencer les efforts de reconstruction. Ce sont là les étapes, dans l'ordre. Les Américains ont informé le Liban qu'Israël ne bougera pas à moins que le Liban n'exécute ce qui lui est demandé, progressivement et dans l'ordre stipulé par l'accord de cessation des hostilités.

Par conséquent, celui qui a entraîné le Liban dans ce désastre doit prendre l'initiative de l'en sortir en mettant en œuvre ce qui est prévu par l'accord de cessation des hostilités, et l'État doit s'employer à affirmer son autorité sur l'ensemble du territoire libanais, en commençant par le sud du Litani.

Lancer des positions sans les lier à l'action requise ne donnera aucun résultat. La ruse, les plaintes et le reniement des engagements avec ou sans raison ne feront pas partir Israël de notre terre. Le problème ne réside pas dans la performance de l'armée libanaise, mais dans l'incapacité du pouvoir politique à trancher pour mettre en œuvre ses décisions avec la rapidité nécessaire.

Le Liban doit prendre en compte son propre intérêt et agir selon le principe du « Liban d'abord », et traiter sérieusement la situation telle qu'elle est et telle que les États-Unis la perçoivent, car ils sont les seuls capables de faire pression sur Israël. Le gouvernement libanais doit s'efforcer assidûment de réduire la quantité des excès médiatiques de la part de ceux qui émettent des opinions en les présentant comme des faits. Mais aussi de la part de ceux qui sont consultés alors qu’ils n'ont aucune connaissance des réalités de la situation et ceux qui aiment les titres pompeux et vides qui changent d'année en année, et qui offrent des opinions et des explications pour interpréter des positions qui n'ont pas besoin d'être interprétées, laissant entendre qu'elles proviennent des centres de décision.

Trop de paroles, comme trop de cuisiniers, aboutissent toujours au même résultat: un plat carbonisé.