Il ne fait aucun doute que d’importants efforts diplomatiques sont déployés afin de sécuriser une rencontre à la Maison-Blanche entre le président, le général Joseph Aoun, et le président américain Donald Trump, qui a déclaré qu’il avait l’intention d’inviter le chef de l’État libanais à Washington.
La rencontre attendue entre Aoun et Trump pourrait se produire naturellement et spontanément, surtout après que Trump a reçu le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et, avant lui, le président syrien Ahmad al-Charaa, le dossier libanais ayant été présent lors de ces deux entretiens.
Aoun avait espéré rencontrer Trump en septembre dernier en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York pour lui exposer la réalité des développements, soulignant que les informations erronées parvenues à Washington de la part de ceux qu’il a récemment qualifiés de « diffuseurs de poison » déforment la vérité et entravent les efforts de paix libanais.
Il semble que l’initiative-solution lancée par Aoun dans son discours de la Fête de l’Indépendance depuis le Sud ait remué des eaux diplomatiques stagnantes, bien que Israël ait réagi dès le lendemain par des frappes aériennes visant des zones situées au sud du Litani et certaines parties de la Békaa.
Le président Aoun a déclaré que le Liban vivait « deux impressions contradictoires qui s’éloignent de la réalité et contredisent l’essence même de l’indépendance ».
Il n’a nommé personne, mais tout le monde a compris qu’il faisait référence aux deux camps opposés.
Le premier, il l’a décrit comme « ceux qui se méfient des évolutions régionales », estimant qu’ils ont l’impression que « rien n’a changé — ni ici, ni autour de nous, ni en Palestine, ni en Syrie, ni dans le monde », qualifiant cela d’« obstination ou de déni par lequel certains se persuadent qu’ils peuvent préserver les déformations du concept d’État et de sa souveraineté, déformations qui persistent depuis quarante ans ».
Il a soutenu que « ce comportement contredit la réalité et la volonté libanaise avant même de contredire les conditions régionales et internationales ».
Le second camp, a-t-il ajouté, croit l’inverse : « que le bouleversement récent a anéanti un groupe entier au Liban, comme si une communauté entière avait disparu ou n’existait plus dans l’équation politique et constitutionnelle du pays ».
Aoun a qualifié cela d’« autre forme de déni, tout aussi erronée et dangereuse ».
S’adressant « à ceux qui refusent de reconnaître ce qui s’est passé », il a déclaré : « Les temps ont changé, les circonstances ont évolué, le Liban est épuisé par l’absence d’État, les Libanais ont rejeté les projets de mini-États, le monde se lasse de nous, et nous ne pouvons plus vivre dans un vide institutionnel. »
Il s’est ensuite adressé à l’autre camp : « Il n’est ni vrai ni acceptable d’agir comme si un groupe libanais avait disparu ou été vaincu. Ce sont des Libanais — notre peuple, enraciné dans cette terre. Ils restent avec nous, et nous restons avec eux. Ils ont sacrifié et versé leur sang. À présent, nous devons tous, avec eux et avec tous les Libanais, revenir dans le giron de la nation. »
Accumuler des prétextes
Un regard lucide sur les affirmations américaines et israéliennes récurrentes selon lesquelles « le Hezbollah reconstruit ses capacités militaires en prévision de nouvelles confrontations avec Israël » révèle de grandes exagérations connues de tous et démenties par beaucoup, en premier lieu le président du Parlement Nabih Berry, qui les a qualifiées de mensongères.
Mais l’objectif de répéter ces exagérations est d’accumuler le plus grand stock possible de prétextes pour convaincre le monde en vue du lancement d’une nouvelle guerre contre le Hezbollah afin de l’éliminer militairement — un objectif que Washington et Tel-Aviv poursuivent depuis longtemps.
La dernière des initiatives
Certains affirment que la situation entre le Liban et Israël se dirige vers une phase critique, aggravée par l’annonce récente de la FINUL selon laquelle elle commencera à retirer progressivement des unités en raison d’un manque de financement.
D’autres estiment que le désarmement du Hezbollah constitue le plus grand défi interne : le parti refuse, tout en affichant simultanément sa disposition à négocier un désarmement en échange d’un retrait israélien des territoires occupés.
Mais le cœur de l’initiative d’Aoun réside dans une solution pratique et durable : achever le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière sud, appliquer pleinement la décision de confier l’exclusivité des armes à l’État, et engager des négociations avec Israël sous parrainage international pour parvenir à un accord mettant fin définitivement à la guerre.
L’initiative lie toute étape ultérieure à une position arabe unifiée, indiquant que le Liban ne s’engagera pas seul dans un processus de paix ou de normalisation.
Dans tous les cas, l’initiative d’Aoun représente une opportunité historique mais semée de risques, car sa réussite dépend de la capacité du Liban à traduire la volonté politique en actions concrètes sur le terrain et de la volonté de la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses violations et accepte d’entrer dans des négociations sérieuses.
Mais Israël refuse toujours d’engager des négociations ou une quelconque forme de règlement avec le Liban, reflétant la persistance d’un état de guerre malgré l’accord de cessez-le-feu.
Quant à la position américaine, et étant donné que Trump a exprimé sa volonté de recevoir le président libanais sans l’avoir encore officiellement invité, Washington cherche une solution durable entre le Liban et Israël et considère que le renforcement de la souveraineté de l’État libanais en est la voie — mais conditionne cela au désarmement total du Hezbollah, considéré comme le pilier essentiel et non négociable de toute solution soutenue par les États-Unis.
Pour atteindre cet objectif, Washington emploie plusieurs outils : la diplomatie — en évoquant la possibilité d’une invitation au président libanais — et la pression, notamment par la suspension de l’aide militaire et la critique publique des autorités libanaises et de l’armée.
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