Athènes rembourse ses dettes à ses créanciers. En deux ans, et par anticipation, la Grèce aura versé près de 3 milliards d’euros …à la France ! Ces sommes n’étaient réellement dues qu’entre 2033 et 2041. Sollicité pour comprendre les raisons de ces versements anticipés, Bercy (le ministère français des Finances) demeure aux abonnés absents. Mais, évidemment, on ne peut s’empêcher de remarquer que ces sommes, en pleine disette budgétaire française, sont plus que les bienvenues. Et que dans la situation financière actuelle de Paris, 1 milliard est 1 milliard !

Quel incroyable retournement de situation si l’on songe, sans l’oublier, qu’au début des années 2010, c’est la France qui volait au secours financier de la Grèce. Les experts unanimes n’avaient pas de mots assez durs pour caractériser le laxisme et la gestion pitoyable d’Athènes. Aujourd’hui, c’est la France, le maillon faible de la zone euro.

Députés et sénateurs français n’ont découvert les « étrennes grecques » qu’en lisant les textes budgétaires en pleine discussion lunaire sur l’hystérie fiscale à l’Assemblée nationale à Paris : « Nous pouvons donc remercier nos amis grecs de nous aider à résorber notre déficit », a commenté le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains) . Son homologue de l’Assemblée, Philippe Juvin se montre plus cynique : « Pensez-vous que l’on peut tirer des leçons de l’exemple grec ? »

Elle est loin de l’époque où en mai 2010, l’économie grecque est au bord du gouffre, plombée par ses dettes publiques et son système fiscal, passoire nationale où l’argent liquide circule en masse. Athènes appelle alors à l’aide le Fonds monétaire international et l’Union européenne. Pour éviter une faillite, la France participe au plan de sauvetage massif mis en place dans ce pays. C’est autour de la Grèce de voler en 2025 au secours de la France ! Par solidarité européenne ? Et pourquoi pas ! Ou parce que Paris en a fait la demande officieuse mais pressée aux vues de la situation sérieuse de ses finances publiques ?

Et si la France avait recours au FMI, à l’Union européenne ou à la BCE ? Ce trio a fonctionné en Grèce puisque ce pays a largement remboursé par anticipation ses dettes ! En effet, ce douloureux programme de redressement économique massif a sauvé Athènes au prix d’ajustements sévères. Le FMI a été réglé avec deux ans d’avance. Le plus sévère des ajustements se focalisa justement sur le niveau des retraites grecques ! Une coupe annuelle allant jusqu’à 25% pour les retraites les plus élevées. Toute comparaison n’est pas raison. Mais évidemment, la suspension de la réforme des retraites en France ne constitue aucunement le moindre début de solution pour assurer la viabilité à moyen terme du système par répartition, socle du système français des retraites.

Si la France devait se résoudre à solliciter l’appui d’une institution financière pour assurer ses fins de mois budgétaires, quelle serait l’une des premières injonctions exigées par cette institution financière ? Évidemment, cela concernerait les retraités dont le volume et les augmentations indicielles constituent une part élevée du montant total des prestations sociales françaises.

La France et la Grèce même combat ? En tout cas en ce moment, ce sont bien les pays européens du Sud qui donnent des leçons budgétaires à la France !

Une humiliation supplémentaire pour les gouvernements à Paris et le « Mozart de la finance ! », qualification mise en avant pour Emmanuel Macron lors de sa première élection.