Au Liban, nous observons un mécontentement grandissant qui ne peut plus être dissimulé. Parmi les mécontents figurent ceux qui ont attiré sur eux-mêmes les malheurs qu’ils subissent, mais la majorité reste victime d’un pillage public et légalisé dont les auteurs continuent d’échapper à toute responsabilité. Cette frustration touche tout le monde, y compris ceux qui ont été élus parce que l’on croyait en leur capacité à en traiter les causes, ou du moins parce qu’ils donnaient l’impression de savoir dénouer les blocages et résoudre les crises.
L’année touche à sa fin, et pourtant, nous n’avons même pas franchi un pas vers une solution espérée, capable de rendre leur dignité aux Libanais et d’épargner au pays l’humiliation de tendre la main aux proches comme aux lointains, ou de se soumettre à des conditions sévères, simplement parce qu’il refuse toujours (Le Liban) d’affronter la vérité et de poser le doigt sur la plaie ouverte, préférant lécher la lame en se donnant l’illusion que son propre sang est un remède.
L’année est entrée dans son dernier trimestre, et les problèmes que les responsables s’étaient engagés à affronter restent inchangés : une croissance économique factice, une inflation persistante, une érosion continue du pouvoir d’achat et une administration en décomposition. On entend souvent parler de réformes administratives imminentes, mais ce que l’on observe sur le terrain n’annonce aucune solution à l’horizon. Les nominations effectuées n’ont pas touché l’ensemble de la fonction publique, mais seulement quelques ministères et instances de régulation. L’administration a besoin d’être assainie et de recevoir une nouvelle impulsion pour redevenir efficace.
Le ministère de l’Éducation et l’état du système éducatif, ainsi que l’Université libanaise et ses scandales de fraude, sont la preuve la plus flagrante de la dégradation du niveau éducatif dans le pays. La Direction des douanes, malgré une amélioration de ses performances, reste au cœur de nombreuses controverses. Une visite officielle dans une administration connue pour être un repaire de corruption ne suffit pas à la réformer — seule une supervision rigoureuse et constante peut assainir et améliorer son fonctionnement.
La réalité administrative pourrait se résumer par les mots d’un analyste militaire à la retraite, commentant le style de gestion des responsables : « À les écouter, on croirait entendre le président Fouad Chehab ; à voir leurs actes, on croirait revoir le président Émile Lahoud. »
L’année entre dans son dernier quart, et l’enchevêtrement des pouvoirs au Liban persiste, une autorité continuant à dominer les deux autres, paralysant ainsi l’ensemble de l’État. Le mode de gouvernance actuel rappelle étrangement la phase de négociation de l’accord de Mar Mikhaël entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah, quelques mois avant la guerre de juillet 2006. Un article critique, à l’époque, décrivait ces négociations comme un dialogue entre un « vétéran », le Hezbollah, et un « apprenti », celui qui allait plus tard succéder au général Michel Aoun à la tête du Courant patriotique libre.
L’année touche à sa fin, et les promesses comme les engagements demeurent confinés sur le papier. La traduction de ces promesses en actes doit commencer par un souffle de vie insufflé dans les veines de la nation par le président de la République, symbole de la patrie, chef des autorités et conscience du pays. Mais ce souffle reste faible, tandis que les débats politiques en cours ne mènent nulle part.
Les mots n’ont jamais suffi, et ils ne suffisent pas aujourd’hui. Prendre une décision est important, mais en assurer le suivi l’est encore davantage. Le courage ne consiste pas à garder secrète, vis-à-vis des Libanais, la mise en œuvre d’un plan d’affirmation de la souveraineté de l’État tout en la révélant aux instances internationales ; il consiste à annoncer ouvertement, étape après étape, les progrès accomplis. Il est inacceptable que les Libanais apprennent les réalisations de leur armée au sud du Litani par le Commandement central américain ou par certains chefs de partis, plutôt que par leurs propres institutions gouvernementales.
Tous les responsables doivent comprendre que si les gouvernements changent, l’administration, elle, demeure pour assurer la continuité — raison pour laquelle elle doit être purifiée et réactivée sans délai.
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