Benoît Perrin, directeur de « Contribuables associés » analyse les décisions du budget 2026. Il s’agit de 14 milliards d’euros en plus ! 19 milliards de hausse sur les ménages et les entreprises, pour seulement 5 milliards de baisses. Ce budget marche sur la tête.
Pour ne pas être censuré par le Parti socialiste, Sébastien Lecornu, le Premier ministre français a donc fait le choix de « suspendre » la réforme des retraites ! Les socialistes gouvernent donc sans être au pouvoir ! Un comble dans un pays à droite ! Quels sont les impacts pour la survie du système par répartition ?
En France, il faut faire des économies et produire davantage. Repousser de 2 ans l'âge légal permet justement d'agir sur ces deux priorités. Revenir sur cette réforme est une folie car il s'agit d'un instrument efficace pour augmenter le taux d'emploi des seniors. Mais, compte tenu de notre démographie en berne, cette réforme ne suffisait pas : il faudrait lancer un dispositif mixte de répartition pour le socle et de capitalisation pour le rendement. Tout comme il faut un régime juste et unique pour tous avec la fin des régimes spéciaux devenus injustifiables ! Doter la France d'un budget est essentiel mais pas au prix d'augmentation d'impôts et du renoncement de la seule réforme qui permettait structurellement des faires des économies.
Le gel du barème de l’impôt sur le revenu, 200.000 ménages deviennent imposables en France, et celui des prestations sociales a été annoncé. La matraque fiscale française reprend du service !
Le premier point revient à augmenter les impôts sans avoir le courage de l’avouer. Le second point présente le défaut de ne pas distinguer entre les prestations contributives et non contributives. Si on peut comprendre de rogner sur des prestations entièrement financées par l’État, c’est plus difficilement acceptable pour des prestations financées par les citoyens eux-mêmes, directement ou par le biais de leur employeur comme justement les retraites , la prévoyance, ou le chômage !
Le maintien de la contribution sur les hauts revenus, créée en 2025, qui vise une imposition minimale de 20 % des plus hauts revenus, est actée ! Cette taxe est applicable aux ménages dont les revenus dépassent 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple…
C’était couru d’avance mais prouve une fois de plus qu’en matière de fiscalité, il ne faut jamais croire les engagements des gouvernements successifs ! Cela ne résout pas le scandale actuellement remonté par tous les professionnels : les contribuables concernés doivent estimer eux-mêmes avant le 15 décembre, sous leur responsabilité et sous peine d’une amende de 20 %, la contribution due alors même qu’ils ne connaissent pas encore leurs revenus définitifs et sont donc incapables de savoir si la contribution est due et encore moins son montant…
Comment expliquer que les Français assez majoritairement semblent soutenir ce nouvel impôt sur les riches ? Ont-ils la crainte qu’une réduction des dépenses publiques obèses se traduisent par des coupes dans les dépenses sociales ?
Si vous demandez à un Français si c'est l'autre, en l’occurrence le foyer aisé, qui doit payer l'impôt, vous avez toutes les chances qu'il vous réponde par l’affirmative. C'est humain de demander aux autres des efforts pour s'en dispenser soi-même. Ensuite, trop rares sont ceux qui, dans le débat public, expliquent ce que l'économiste Bastiat conceptualisait : « En économie, il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas ». Autrement dit, il faut faire de la pédagogie sur les conséquences concrètes de nouvelles taxations : exil des créateurs de richesse, moins d'emplois, moins d'investissements, moins d'augmentations de salaires, moins de croissance. Les classes moyennes ont bien compris qu'elles finançaient un système social trop laxiste envers les profiteurs et les fraudeurs. Je pense que la majorité des Français souhaitent avant tout que soit respecté le principe contributif. C’est-à-dire que les prestations doivent revenir avant tout aux cotisants et qu’il est anormal que de plus en plus de prestations soient réservées à ceux qui n’ont jamais cotisé ou presque.
Autre hausse d’impôts déguisée, la suppression de l’abattement de 10 % pour « frais professionnels » sur les revenus des retraités français …qui va devenir un forfait. Et si ce n’était qu’un début ?
Vous avez raison, il s’agit ni plus ni moins d’une augmentation d’impôt et on ne comprend pas pourquoi celle-ci ? A croire que ce n’est qu’un début et que la suite finira par concerner alors tous les salariés. Tout le monde sait que les salariés n’ont pas 10 % de frais professionnels. Aujourd’hui, cette déduction fiscale est automatique et s’applique sur leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels .
On peut d’ailleurs rappeler que l’abattement forfaitaire pour frais professionnels de la CSG-CRDS des salariés était à l’origine de 5 % est qu’elle a été progressivement réduite pour n’être plus que de 1,75 % aujourd’hui !
Sébastien Lecornu souhaite réduire d’un tiers la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt honni des industriels et des chefs d’entreprise ! N’avait-on pas entendu que cette cotisation devait intégralement disparaître ?
Vous avez raison ! Cette baisse est une bonne nouvelle mais encore faut-il que le film sur la CVAE ait une fin : elle devait disparaître en 2024, disparition reportée ensuite à 2030 ! La vraie question est donc de savoir si cette disparition définitive est toujours à l’ordre du jour. Attention aussi à ce que chaque point de baisse soit adossé à des économies crédibles. Sinon, on déplace la charge du monde productif vers les contribuables de demain. Ne l’oublions jamais, l’une des raisons de la désindustrialisation en France tient à ces impôts de production dont la CVAE fait partie. Cet impôt est dû par certaines entreprises, indépendamment de leur résultat. Il peut donc frapper des entreprises déficitaires, ce qui est contraire à toute logique de compétitivité !
La petite musique sur les entreprises qui se gaveraient de subventions publiques, et seraient assoiffées de dividendes a biaisé totalement tout débat autour de ce budget 2026 …Alors que l’essentiel de notre tissu entrepreneurial en France , ce sont des PME et des TPE ! 7000 défaillances d’entreprises françaises ont été comptabilisées pour le seul mois de septembre, un volume qui n’avait pas été vu depuis seize ans…
Il est vrai que certaines grandes entreprises, notamment étrangères, ont pu céder aux sirènes de la subvention pour investir en France, sans que les autorités ne se préoccupent sur le long terme du retour pour le pays. Mais ce n’est pas le cas de l'ensemble des entreprises et encore moins des petites qui demandent avant tout qu’on les laisse tranquilles. Il est d’ailleurs frappant que les pays qui conservent un tissu industriel fort comme l’Allemagne ou l’Italie sont avant tout peuplés justement de petites entreprises familiales.
La loi de finances en France instaure aussi une taxe de 2 % sur les holdings patrimoniales, en épargnant les actifs professionnels. La mesure rapporterait un milliard d’euros à l’État. Sans parler du PS qui veut réintroduire la taxe Zucman dans le débat parlementaire !
S’attaquer aux holdings familiaux ? En voulant capter une matière imposable somme toute théorique ou virtuelle, nous risquons l’émergence d’une nouvelle usine à gaz qui va faire le bonheur des fiscalistes, que ce soit en conseils ou en contentieux, et pas forcément celui de nos recettes ! Cherchons plutôt des solutions simples et n’oublions pas que Bercy devrait plus réfléchir à comment baisser drastiquement les dépenses qu’à créer on ne sait quel nouvel impôt-miracle qui, de toute manière, ne résoudra rien.
« Cerise sur le gâteau », à la tête de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, un nouveau binôme est né : Éric Coquerel et Philippe Juvin ! Le député de droite des Hauts de Seine prône une réduction du déficit là où celui d’extrême gauche considère que la question n’est pas celle des dépenses publiques mais des recettes…On marche sur la tête !
C’est le mariage de la carpe communiste avec le lapin capitaliste. Comment voulez-vous que cela fonctionne ? C’est un accouplement à la Frankenstein. Plus sérieusement, Philippe Juvin dénonce avec raison le nombre excessif de fonctionnaires en France et propose d’inciter les fonctionnaires d’État volontaires, moyennant une indemnisation, à démissionner. Compte tenu des doublons et des avancées technologiques, le non-remplacement des départs en retraites dans les collectivités locales ou à la sécurité sociale me semblent à privilégier, ces déclarations vont dans le bon sens. Malheureusement, il est à craindre que la marge d’influence de l’un ne soit d’ores et déjà anéantie par la capacité de nuisance de l’autre.
L’effort global de 30 milliards d’euros prévu dans le budget français défendu par Sébastien Lecornu est, d’entrée, jugé difficile à atteindre par le Haut Conseil des finances publiques ! Avec de sérieux doutes, notamment sur le volet des économies budgétaires, jugées incertaines et annoncées à hauteur de 16 milliards !
J'avoue être perplexe sur cette question. D'une part, 30 milliards sont notoirement insuffisants face à notre dette. D'autre part, rien dans le PLF ou le PLFSS ne témoigne d'un réel effort budgétaire en termes de dépenses. On remarque plutôt ici ou là toujours des mesures électoralistes ou idéologiques forcément couteuses. Sans oublier qu'on ne comprend pas comment est financé le cadeau aux socialistes sur les retraites, d'autant qu'on ne parle même pas de ses conséquences sur la dette hors bilan de l’État relative à la retraite des fonctionnaires.
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