Lorsqu’une nation s’efforce de rassembler ses fragments et de bâtir son État sur des bases solides, les slogans ne peuvent se substituer aux réalisations.
Lorsqu’un pays tente de dépasser ses divisions et de s’accorder sur des objectifs communs pour tracer son avenir, la rhétorique ne peut remplacer les projets et les plans.
Et lorsqu’un peuple cherche à redéfinir son identité, les idées importées ne sauraient constituer le socle d’une nouvelle vie.
Aujourd’hui, en cette période décisive qualifiée par beaucoup « d’existentielle » et « d’historique », chacun se précipite pour avancer des propositions qui n’apportent rien. L’un parle de « purifier la mémoire », un autre de « réorienter la boussole », un troisième d’un « nouveau pacte national ». Or, l’expérience a montré que ces notions ne sont souvent que la prolongation des querelles qu’elles prétendent résoudre.
Prenons l’exemple des débats interminables autour des armes du Hezbollah. Ils ont perdu leur pertinence depuis que l’autorité exécutive a annoncé sa décision sur ce dossier, a salué le plan de l’armée pour l’appliquer, et que le Premier ministre a confirmé que le gouvernement ne reviendrait pas en arrière. Les arguments jadis avancés se sont effondrés, remplacés par d’autres prétextes à mesure que les justifications s’écroulaient.
Si le rétablissement de la souveraineté de l’État sur l’ensemble de son territoire et la limitation des armes à ses institutions militaires et sécuritaires constituent la clé du redressement, alors la clé est déjà insérée dans la serrure, huilée pour dissoudre la rouille des années d’immobilisme. Mais le processus prendra du temps : l’armée et les services de sécurité doivent renforcer leurs effectifs et leurs équipements, définir leurs déploiements, construire leurs réseaux de communication de terrain et disposer du temps nécessaire pour absorber les armes.
Les slogans et les récits – qui ont dominé le discours politique et social pendant des décennies – n’ont construit ni route, ni ramené l’électricité, ni apporté d’eau potable. Les discours sur les « composantes », la « résistance » ou le « service de la cause » n’ont jamais fourni les services de base que les citoyens sont en droit d’attendre de leur État.
Si la terre est une cause essentielle, l’être humain en est une plus grande encore. À l’aube de l’année scolaire, les frais de scolarité ont flambé de façon injustifiée, et le ministère de l’Éducation reste muet. L’odeur de la corruption s’élève de la Direction des douanes, tandis que le Conseil des ministres tergiverse sur les noms et les mécanismes de réforme. Le président lui-même s’est rendu au service des immatriculations, gangrené depuis longtemps par le gaspillage et les abus, mais rien n’a changé.
Tout le monde connaît l’état déplorable des routes et l’absence criante d’application de la loi, sans qu’aucune amélioration tangible n’ait suivi. Des villes et villages vivent sans eau pendant des semaines et des mois, tandis que les ministres de l’Énergie se contentent de blâmer leurs prédécesseurs, comme si l’intégrité n’était l’apanage que de ceux qui occupent le poste. Même les permis de construire coûtent aujourd’hui plus cher que la construction elle-même.
Les exemples abondent. Les slogans creux ne pavent pas les routes, n’allument pas la lumière, ne rétablissent pas la confiance dans les institutions et ne garantissent ni la santé ni l’éducation. Ce dont le Liban a besoin, ce sont des initiatives ancrées dans une véritable responsabilité nationale, commençant par des réformes dans l’électricité, l’eau, la santé, l’éducation, les infrastructures et la justice.
Seul un État bâti sur les réalisations et l’initiative peut être un véritable État – celui qui protège ses citoyens, assure leurs droits et s’élève dans la dignité vers l’avenir.
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