La troisième visite de l’envoyé présidentiel américain Tom Barack au Liban a laissé de nombreuses impressions quant à l’avenir de la région en général — et du Liban en particulier. Des signes annoncent un accord de paix ou une normalisation syro-israélienne prochaine sous l’égide du président Donald Trump, en cours de préparation à travers des négociations publiques et confidentielles à Paris, en Azerbaïdjan et ailleurs. Parallèlement, des préparatifs sont en cours pour un nouveau round militaire américano-israélien contre l’Iran, une escalade attendue sur le front yemeno-israélien, et l’effondrement des efforts en cours pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Chacun de ces développements aura un impact sur la région, surtout sur le Liban et la Syrie.

Les résultats de la visite récente de Barack présentent au Liban des perspectives majoritairement négatives jusqu’ici, dans un contexte où les États-Unis et Israël insistent sur le désarmement de « Hezbollah » avant d’envisager tout accord contraignant Israël à cesser de violer le cessez-le-feu et la résolution 1701 de l’ONU.

La situation est donc extrêmement grave : le Liban exige le retrait d’Israël, l’arrêt de ses attaques et le respect de la résolution 1701 ; Israël exige en premier lieu le désarmement du « Hezbollah ».

Si ces positions persistent, les responsables libanais craignent une invasion israélienne au sud du fleuve Litani, d’autant plus que le projet israélien d’éliminer la cause palestinienne progresse et que la Syrie devient, de fait, une sorte de protectorat israélien.

Les inquiétudes se sont accrues après que le Premier ministre Nawaf Salam a quitté une rencontre avec le président du Parlement Nabih Berri en déclarant avoir transmis l’assurance du président français Emmanuel Macron que des efforts sont en cours pour renouveler le mandat de la FINUL afin de maintenir la stabilité dans le sud, démentant toute demande américaine ou française d’instaurer une « zone tampon » là-bas.

À cela s’ajoute la mise en garde du député Faisal Karami, chef du Courant de la Dignité, qui a adressé un message aux responsables les appelant à « prendre les décisions nécessaires pour protéger le Liban et écarter les dangers, car le temps des décisions finales est arrivé avant qu’il ne soit trop tard ». Karami s’appuie dans ce message sur des propos attribués au ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, selon lesquels le royaume n’aidera pas le Liban tant que l’État ne prendra pas pleinement en charge la gestion de la sécurité et des armes.

Si cette position saoudienne est exacte, elle rejoint la position américaine qui exige le désarmement du Hezbollah », mais insiste sur la « gestion de la sécurité et des armes » — c’est-à-dire l’exclusivité de l’État et son autorité unique en matière de guerre et de paix.

Quoi qu’il en soit, la principale crainte après la visite de Barack est une invasion israélienne au sud du Litani et des frappes aériennes jusqu’au Litani et dans la Békaa, fondées sur la conviction israélienne que l’arsenal lourd de roquettes du Hezbollah » y est entreposé.

Avant le retour de Barack au Liban, les États-Unis et Israël ont rejeté un projet d’accord présenté par Berri qui proposait d’arrêter les raids israéliens en échange d’un désarmement progressif. La plateforme américaine a clairement indiqué que tant que « Hezbollah » conservera ses armes, les simples déclarations ne suffiront pas.

Par conséquent, Israël poursuit ses assassinats ciblés de cadres et combattants du « Hezbollah » au moyen de drones et de frappes aériennes sur ses bases au nord du Litani et dans la vallée de la Békaa, préparant le terrain pour l’établissement d’une zone tampon au sud du fleuve et éventuellement son extension au nord — ce qu’elle ne pourra faire tant que les forces de la FINUL seront présentes.

Israël et les États-Unis cherchent ainsi à mettre fin à la mission de la FINUL le mois prochain si leurs tentatives de modifier ses règles d’engagement — afin d’en faire une force de dissuasion sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies — échouent.

L’issue de la bataille diplomatique autour du renouvellement du mandat de la FINUL indiquera ce qui va se passer. Si le mandat est renouvelé, les efforts diplomatiques continueront ; dans le cas contraire, septembre sera un mois avec « un pied dans la guerre » sur le front sud et peut-être aussi le long des frontières libano-syriennes orientales et nord, où les forces syriennes pourraient utiliser les frappes israéliennes contre des positions de « Hezbollah » comme couverture pour attaquer à travers la frontière.

Le danger réside dans la « mentalité du vainqueur » d’Israël, qui refuse les garanties ou engagements libanais, considérant l’État libanais comme faible et incapable de désarmer « Hezbollah ». Pendant ce temps, les cercles officiels libanais abordent la mission de Barrack comme s’il s’agissait encore d’un simple échange d’idées sans avoir atteint de points cruciaux.

Ainsi, le sort de la FINUL, qui sera décidé au Conseil de sécurité avant l’expiration de son mandat fin août, déterminera l’avenir du Liban — paix ou guerre. L’option la plus probable est la guerre, comme l’attestent les pressions internationales renouvelées et les conditions imposées aux autorités libanaises pour qu’elles désarment « Hezbollah » avant d’aborder toute autre question, condition préalable à la reprise de l’aide destinée à faire du Liban un « pays prospère », selon le président américain.