Qu'il le veuille ou pas, le ministre des Affaires étrangères Youssef Rajji entre dans le jeu de la campagne de pression régionale et internationale contre le Liban. Ce n'est pas un détail que le ministre révèle qu'un bon nombre de pays ont mis le Liban en garde contre un risque sérieux de frappes militaires israéliennes. Cela fait suite aux affirmations répétées du « Hezbollah » qu'il ne rendra jamais les armes, « même si le ciel nous tombait sur la tête » et « même si le monde entier nous faisait la guerre ».
À vrai dire, ces avertissements n'ont jamais cessé, au moins depuis la signature de la cessation des hostilités de novembre dernier. Loin des interprétations tronquées du « Hezbollah » et des beaux discours sans suite du gouvernement libanais, nous avons toujours dit, et répétons, que le « Hezbollah » – qui a lu et accepté cet accord – doit en appliquer un certain nombre de clauses avant qu'Israël ne commence à retirer ses troupes des positions qu'elle occupe.
Malgré ces alertes répétées et la violence des frappes israéliennes, Israël a jusqu'ici cantonné ses actions militaires au cadre défini par les garanties américaines : la liberté de frappe préemptive contre toute menace perçue.
Aujourd'hui, le Liban est pris en tenaille entre les pressions internationales et régionales. L'ambassadeur américain en Turquie, Tom Barrack – d'origine libanaise – répète à qui veut l'entendre que le Liban redeviendra une partie de la Syrie. Dans le même temps, Israël menace, et plusieurs États relayent ces menaces à Beyrouth : il faut que l'État ait le monopole des armes d'ici la fin de l'année, au moins au sud du Litani, sinon...
Pourtant, le Liban n'a jamais fait partie de la Syrie, et Barrack le sait parfaitement. Il persiste. Quant aux menaces israéliennes, ce n'est que du déjà-vu. Tout cela n'est qu'un coup de pression bien orchestré, destiné à forcer la main du gouvernement libanais et à le faire agir vite, avant qu'il ne perde toute crédibilité.
Le président Joseph Aoun a commencé son mandat en promettant de rassembler toutes les armes sous le contrôle de l'État. Personne ne connaît mieux que lui, issu de l'institution militaire, les défis que cela représente. Le Premier ministre a repris cette promesse à deux reprises : d'abord en acceptant de former le gouvernement, puis dans la déclaration de politique générale.
Mais au lieu de progrès concrets, on a eu droit à un plan de l'armée, approuvé en catimini par le gouvernement. Et voilà que fleurissent toutes sortes d'interprétations alambiquées du mot « contrôle », qui reviennent toutes à laisser le « Hezbollah » garder ses armes sous couvert de « neutralisation », de « non-utilisation » ou de « confinement ».
Inutile de rejeter la faute sur l'armée. L'armée exécute les décisions du gouvernement. Le président connaît ses capacités sur le bout des doigts – sans doute mieux que l'actuel commandant en chef. N'est-ce pas lui qui l'a protégée des ingérences politiques pendant sept ans et lui a maintenu le moral contre vents et marées ? La responsabilité finale incombe au pouvoir politique. Se seraient-ils engagés au-delà de leurs moyens ?
En fin de compte, la pression reste de la pression. La visite du pape Léon au Liban, elle, a envoyé trois messages clairs :
1. La voie de la paix est ouverte.
2. Le Liban appartient à ses citoyens, et à personne d'autre.
3. Il est temps que les Libanais prennent leur destin en main. D'ailleurs, tous les chefs religieux qui ont pris la parole sur la place des Martyrs devant le pape semblaient lire dans le même livre de l'unité nationale. On aurait cru qu'il n'y avait pas la moindre divergence entre eux.
Alors, qu'est-ce qu'on attend ?
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