Les développements en cours laissent entendre que la menace israélienne de lancer une nouvelle guerre contre le Liban ne relève pas d’un simple discours politique, mais s’accompagne de préparatifs concrets et d’une escalade sur le terrain. Les médias officiels de langue hébraïque, en particulier la Société de radiodiffusion israélienne et Yedioth Ahronoth, continuent d’affirmer que l’armée israélienne a achevé ses préparatifs en vue d’une attaque de grande envergure contre des positions du Hezbollah au Liban, au cas où le gouvernement et l’armée libanais échoueraient à le désarmer avant la fin de l’année en cours.
Les médias israéliens ont rapporté que Tel-Aviv avait transmis cet avertissement aux États-Unis, soulignant qu’Israël agirait unilatéralement pour désarmer le Hezbollah, même si cela devait conduire à ce qu’elle a qualifié de « jours de combats ».
Cependant, Israël n’a en réalité jamais mis fin à la guerre contre le Hezbollah, puisqu’il n’a pas respecté l’accord de cessez-le-feu annoncé le 27 novembre 2025. Les violations ont dépassé les 4 500 infractions documentées par la FINUL et l’armée libanaise déployées au sud du fleuve Litani.
Ces violations ont inclus l’assassinat de cadres et de combattants du Hezbollah, ainsi que le bombardement de localités situées au nord du Litani, jusqu’à la plaine de la Békaa, sous le prétexte d’empêcher le Hezbollah de reconstruire sa puissance militaire et d’affaiblir ses capacités.
Dans le même temps, Israël cherche à faire pression sur les autorités libanaises afin qu’elles désarment le mouvement, y compris par la force.
En réalité, les Israéliens ne cachent pas que leur objectif ne se limite pas au désarmement du Hezbollah dans le sud, mais vise à l’empêcher de redevenir une force de dissuasion permanente et à lui infliger ce qu’ils qualifient d’« incapacité structurelle ».
Ils estiment que la période actuelle précédant les élections législatives libanaises prévues en mai prochain constitue l’occasion la plus favorable pour porter un coup décisif au Hezbollah, s’ils décidaient de le faire.
À l’inverse, la question du désarmement est au cœur d’une profonde division entre les autorités et les principales forces politiques.
Le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre le plan du commandement de l’armée visant à limiter les armes aux seules mains de l’État, baptisé « Bouclier de la nation », lequel se décline en cinq phases, dont la première concerne le sud du Litani et doit s’achever le dernier jour de l’année en cours.
Toutefois, le gouvernement redoute qu’Israël ne lance une nouvelle guerre si le Hezbollah n’est pas désarmé.
Parallèlement, les pays arabes et étrangers disposés à aider le Liban dans le cadre de la reconstruction conditionnent également leur assistance à ce désarmement.
Le Hezbollah, pour sa part, rejette tout désarmement et toute capitulation, « même si le ciel venait à s’effondrer sur la terre », selon les propos de son secrétaire général, le cheikh Naïm Qassem.
Le mouvement considère le désarmement comme « l’exécution de la force du Liban » et une capitulation face à Israël.
Il exige en conséquence un retrait israélien préalable, affirmant que toute discussion sur le sort des armes au nord du Litani doit s’inscrire dans le cadre d’une « stratégie de sécurité nationale » que le gouvernement s’est engagé à élaborer.
Dans l’attente, le Hezbollah affirme s’en tenir à une politique de « patience stratégique », misant sur le facteur temps et poussant vers la reconstruction de ce que la guerre a détruit.
Il met toutefois en garde Israël en affirmant que toute nouvelle guerre qu’il lancerait contre le mouvement ne serait pas une promenade de santé et serait dévastatrice pour tous.
Les forces politiques libanaises opposées au Hezbollah appellent, quant à elles, le gouvernement à le désarmer, considérant cette démarche comme une voie vers le rétablissement de la souveraineté de l’État.
Elles fondent leur position sur l’accord de Taëf et la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Elles estiment également que le maintien de ces armes offre à Israël un prétexte permanent pour déstabiliser le Liban et entraver la reprise de son économie.
Dans ce contexte, l’armée libanaise met en œuvre la première phase du plan visant à limiter les armes aux mains de l’État au sud du fleuve Litani.
Plus de 85 % de cette phase ont été achevés, le reste devant l’être dans un délai de deux semaines.
Néanmoins, l’armée fait face à de fortes pressions américano-israéliennes.
Elle souffre également de pénuries en matière d’armement, d’équipements et de capacités logistiques.
Elle craint en outre des affrontements internes si elle devait être contrainte de procéder à des fouilles de domiciles.
Dans le même temps, elle critique publiquement les attaques israéliennes.
Le dilemme auquel l’armée est confrontée tient au fait qu’elle se retrouve prise en étau entre des exigences internationales irréalistes consistant à fouiller chaque maison dans le sud et une réalité de terrain complexe susceptible de la placer en confrontation directe avec le Hezbollah, malgré les assurances répétées des deux parties selon lesquelles un tel affrontement est impensable.
La principale crainte est que l’échéance du désarmement arrive à expiration le 31 du mois en cours sans être menée à bien, ce qu’Israël pourrait interpréter comme un échec du gouvernement libanais, augmentant ainsi le risque d’un recours à la guerre.
À l’inverse, certains estiment que toute accélération forcée du désarmement pour inclure les zones au nord du Litani, en dehors du cadre d’une stratégie de sécurité nationale, pourrait déclencher un conflit interne menaçant le destin même du Liban.
Certains soutiennent que la crise actuelle met en lumière la contradiction entre la souveraineté proclamée de l’État et sa soumission aux pressions extérieures, et que l’incapacité des forces politiques à s’entendre sur un compromis national transforme le Liban en terrain de confrontation pour les conflits régionaux.
Ainsi, le débat libanais semble tourner autour de la nature de la menace la plus grave pour le pays : l’occupation israélienne ou les armes du Hezbollah.
Cette interrogation, conjuguée à l’annonce par Israël de sa préparation à la guerre, place le Liban à un carrefour périlleux entre une solution politique impossible et une guerre totale dévastatrice.
Prière de partager vos commentaires sur:
[email protected]
