Israël lançait vendredi une vaste opération militaire — l’Opération Lion Ascendant — ciblant les installations nucléaires iraniennes, les centres de commandement militaire et des figures-clé du commandement Iranien militaire. Cette attaque marque une escalade extrêmement dangereuse dans la longue guerre secrète entre les deux pays et aura des répercussions profondes sur la stabilité régionale, la sécurité mondiale et l’équilibre géopolitique au Moyen-Orient.

Israël a justifié sa frappe, a travers ce qu’il perçoit comme une menace nucléaire existentielle. Empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire… Israël n’a jamais cessé de décrire le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle, d’autant que les estimations récentes des services de renseignement concluaient que l’Iran était sur le point d’acquérir la capacité de produire une arme nucléaire en quelques mois, voire quelques semaines.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) révélait d’ailleurs pour la première fois en 20 ans, que l’Iran avait violé ses engagements dans le cadre de la non-prolifération, citant son stock d’uranium enrichi à 60 % — suffisant pour produire plusieurs bombes s’il était enrichi davantage. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décrit la frappe comme une mesure préventive, affirmant : « Si rien n’est fait, l’Iran pourrait produire une arme nucléaire très rapidement — dans un an, peut-être même quelques mois. C’est un danger clair et présent pour la survie même d’Israël. »

Détruire le leadership militaire et nucléaire iranien

Les frappes ont non seulement ciblé les infrastructures nucléaires, mais aussi des personnalités-clés, dont Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la révolution (IRGC) ; Mohammad Bagheri, chef d’état-major des armées ; et Gholam Ali Rashid, commandant du quartier général central Khatam al-Anbiya. Les attaques ont également décimé des physiciens nucléaires comme Fereydoon Abbasi, ancien chef de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne.

En ciblant le leadership militaire et scientifique iranien, Israël a cherché à entraver les progrès nucléaires et à perturber la capacité de Téhéran à riposter efficacement.

Exploiter une fenêtre d’opportunité étroite

Israël a donc mené son action alors que les négociations américano-iraniennes étaient au point mort et que l’Iran semblait affaibli. Avec le « Hezbollah » affaibli après la guerre Israël-Liban (2023-2025) et l’échec de l’attaque de missiles iraniens sur Israël en avril 2024, Netanyahu a probablement considéré que c'était le moment idéal pour frapper avant que l’Iran ne renforce ses installations nucléaires.

Le timing de l’attaque

La révélation de l’AIEA deux jours plus tôt (12 juin) condamnant l’Iran a fourni une couverture diplomatique à l’opération israélienne, renforçant le récit selon lequel Téhéran violait les normes internationales.

De plus, le département d’État américain a récemment évacué son personnel non essentiel d’Irak, signalant une anticipation de conflit régional. Bien que Washington ait nié toute implication, Israël a peut-être calculé que l’administration Trump offrirait un soutien défensif en cas de riposte iranienne.

Par ailleurs, Netanyahu, confronté à un isolement international croissant à cause de la guerre à Gaza et à des pressions internes, a peut-être cherché à réaffirmer la puissance de dissuasion israélienne et à regagner en popularité.

Conséquences immédiates

L’Iran a confirmé que son site nucléaire de Natanz avait été atteint à deux reprises, bien que l’étendue des dégâts reste imprécise. Plusieurs bases des IRGC et sites de missiles ont aussi été touchés, tandis que les assassinats de Salami, Bagheri et Rashid — hauts commandants militaires et des IRGC — ont porté un coup sévère à la chaîne de commandement iranienne.

Les médias iraniens officiels ont fait état de victimes civiles, dont une fillette à Téhéran.

Réponse iranienne attendue

L’Iran a promis une « punition sévère » à Israël. Quelles sont ses options ?

• Frappes directes par missiles et drones : L’Iran a déjà lancé plus de 100 drones vers Israël, signalant le début d’une campagne de représailles. Il pourrait escalader la réponse avec des missiles balistiques, comme en avril 2024.

• Guerre par procuration : L’Iran pourrait mobiliser ses alliés régionaux — le Hezbollah (Liban), les Houthis (Yémen) et les milices irakiennes — pour attaquer des cibles israéliennes et américaines, bien que leurs capacités aient été affaiblies par des frappes israéliennes précédentes.

• Perturbation du détroit d’Ormuz : L’Iran pourrait menacer l’approvisionnement mondial en pétrole en perturbant la navigation maritime.

• Accélération du programme nucléaire : Au lieu de désescalader, l’Iran pourrait recourir à la bombe. Les estimations suggèrent qu’il n’en est pas loin.

Répercussions géopolitiques

La frappe israélienne — et la réponse iranienne — risquent de déclencher une guerre régionale. Une escalade rapide pourrait entraîner les États-Unis, les pays du Golfe et la Russie (qui soutient l’Iran).

Elle pourrait aussi compliquer les alliances régionales, certains pays condamnant l’attaque tandis que d’autres restent silencieux.

Le conflit dans une région cruciale pour les énergies fossiles affectera inévitablement les marchés pétroliers. Le prix du Brent a bondi de 9 % après la frappe, et une instabilité prolongée pourrait déclencher une crise énergétique mondiale.

Un autre effet possible est une tension dans les relations américano-israéliennes. Bien que Washington ait nié toute implication, la déclaration du président Trump disant qu’il « s’attendait à quelque chose comme ça » suggère une approbation tacite. Cependant, Trump, qui avait mis en garde Israël contre le sabotage des pourparlers nucléaires, pourrait mal prendre le timing de la frappe — surtout si l’Iran attaque des forces américaines.

Avec les négociations nucléaires gelées, les solutions diplomatiques semblent lointaines. L’ONU, l’UE, la Russie et la Chine pourraient pousser à la désescalade, mais les divisions persisteront.

L’Iran ne peut pas ne pas riposter. Sa réponse ramènera-t-elle la région vers le soft power — les solutions diplomatiques — ou entraînera-t-elle tous les acteurs vers le hard power, déclenchant des conflits généralisés au Moyen-Orient ? L’issue pourrait redéfinir l’avenir du Grand Moyen-Orient.