La question des armes de « Hezbollah » reste au cœur d’un débat national non résolu au Liban, attirant une attention internationale constante — en particulier de la part des pays directement impliqués dans les affaires libanaises. Pendant ce temps, Israël continue de violer le cessez-le-feu et la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, profitant des divisions internes libanaises sur ce dossier. C’est dans ce contexte que le président Joseph Aoun a pris une initiative personnelle et discrète en ouvrant un dialogue avec des représentants de « Hezbollah » après son élection début janvier.

La dernière rencontre entre Aoun et une délégation du bloc parlementaire de « Hezbollah », menée par le député Mohammad Raad à l’occasion du 25e anniversaire de la fête de la Libération et de la Résistance, a servi d’annonce publique à ce dialogue en cours et en a défini les objectifs. Les deux parties ont convenu qu’un examen détaillé d’une stratégie nationale de défense — dans laquelle serait déterminé le sort des armes de « Hezbollah » — ne pourrait débuter qu’une fois le retrait israélien totalement achevé et le respect du cessez-le-feu assuré. « Hezbollah » a, pour sa part, rempli ses engagements au sud du Litani. Ce n’est qu’une fois les violations quotidiennes d’Israël arrêtées que l’État libanais pourra mettre en œuvre la résolution 1701 dans son intégralité.

Cette réunion a permis au président Aoun d’alléger les pressions internes et externes liées à la question des armes en réaffirmant son engagement à la résoudre par le dialogue. De son côté, « Hezbollah » s’est dit ouvert à discuter de son arsenal, mais uniquement dans le cadre de la stratégie nationale de défense. L’image même de la rencontre traduisait une volonté d’entamer un échange sérieux — à condition que celui-ci se déroule dans le calme, sans les tensions souvent provoquées par le Premier ministre Nawaf Salam ou certains camps politiques.

Aoun et « Hezbollah » ont également convenu que le lancement des discussions sur la stratégie de défense dépendait d’abord du retrait israélien complet et de la cessation des hostilités. Les discussions ont aussi abordé les efforts israéliens supposés pour établir une « zone tampon » le long de la frontière sud du Liban, jusqu’au sud de la Syrie — une démarche qui pourrait entraver le retour des déplacés du Sud dans leurs villages.

Sous le thème des « gestes apaisants », la réunion a évoqué les mesures que « Hezbollah » pourrait prendre à cet égard. Aoun a rappelé l’expérience de « Hezbollah » lors de la libération de 2000, notant qu’elle reposait sur une stratégie claire et ciblée. Il a estimé que la situation actuelle était différente, suggérant — sans le dire explicitement — que certaines armes lourdes encore détenues par « Hezbollah », notamment les missiles longue portée, pourraient ne plus être nécessaires. Ces armes sont souvent invoquées par les États-Unis et Israël pour justifier les agressions israéliennes au nord du Litani et jusqu’à la Békaa, au nom de la menace qu’elles feraient encore peser sur la sécurité israélienne.

Cette réunion a ouvert la voie à une exploration calme et confidentielle de la stratégie de défense nationale. Aoun et le gouvernement se sont engagés à solliciter activement les garants internationaux, notamment Washington et Paris, pour exercer des pressions sur Israël en vue de son retrait total. Le président a insisté sur le fait que la question des armes devait être abordée sans précipitation, afin d’éviter d’alimenter un conflit intérieur que le pays ne peut pas se permettre.

Cependant, la délégation du « Hezbollah » a relevé un décalage entre l’approche du président et celle du Premier ministre Salam, dont le discours apparaît souvent plus agressif. Une situation tendue s’est récemment produite au stade de la ville, lorsque des partisans de l’alliance Amal-« Hezbollah » ont hué Salam. « Hezbollah » a rapidement publié un communiqué condamnant ces slogans et se désolidarisant de leurs auteurs. Salam a néanmoins répliqué en accusant « Hezbollah » de « provoquer puis de s’excuser ». Un ministre proche de Salam a confirmé que le parti l’avait informé à l’avance de son communiqué condamnant ces slogans, qui n’étaient pas le fait de militants encartés.

La réunion au palais présidentiel a également mis en lumière la manière dont les critiques internes contre les armes de « Hezbollah » s’intensifient à l’approche de visites annoncées de l’émissaire américaine Morgan Ortagus au Liban. La délégation a avancé que sa prochaine visite pourrait être la dernière, étant donné qu’elle serait sur le point d’être affectée à un poste n’ayant aucun lien avec le Liban.

Certains observateurs reconnaissent au président Aoun le mérite de traiter ce dossier avec prudence et responsabilité, afin d’éviter de précipiter le pays vers une escalade dangereuse. Un point de discorde persiste toutefois : certains camps refusent encore d’admettre que le retrait israélien constitue une condition préalable à toute discussion sérieuse sur les armes de « Hezbollah ». Ce désaccord fondamental continue d’alimenter les tensions internes et profite à Israël. Aoun, pour sa part, s’attaque à la question avec la conviction qu’elle ne peut être résolue par l’escalade verbale, alors que d’autres y voient une opportunité de fragiliser leurs adversaires politiques — en l’occurrence l’alliance Amal-« Hezbollah » — en s’appuyant sur les conséquences de la dernière guerre.

La réunion au palais présidentiel a également abordé la question de la reconstruction. La délégation de « Hezbollah » a reproché au gouvernement ses retards persistants dans la mise en œuvre des premières étapes nécessaires à la reconstruction des zones sinistrées — comme l’évaluation des dégâts, l’estimation des pertes et la recherche de solutions temporaires pour les déplacés. Certains estiment que cette inaction gouvernementale alimente la frustration au sein de la base de « Hezbollah », d’autant plus que Salam continue de réclamer un désarmement avant même le retrait total d’Israël du sud. Pour beaucoup, cette position est perçue comme une provocation — d’une part à cause de son timing, d’autre part parce que son gouvernement n’a toujours pas entamé les démarches préliminaires indispensables à la reconstruction.