La mort tragique du jeune Hussein M. R., un adolescent libano-australien de 16 ans, lors d’un vol en parapente dans la ville côtière de Jounieh, a bouleversé le Liban. Ce qui devait être une expérience palpitante et inoubliable s’est transformé en drame — ravivant les inquiétudes persistantes concernant la sécurité de cette discipline extrême et soulignant l’absence de réglementations claires et de supervision adéquate.

Une nouvelle tragédie venue du ciel

Hussein était venu d’Australie pour rendre visite à sa famille au Liban. Son vol devait être une aventure inoubliable, mais il s’est terminé de façon dramatique. Après l’accident, le pilote en tandem qui volait avec lui a pris la fuite. En réponse, la justice libanaise a ordonné l’interdiction immédiate de toute activité de parapente dans la région de Jounieh, et la piste de décollage a été scellée à la cire rouge.

Mais ce n’était pas un incident isolé. En avril dernier, deux jeunes hommes avaient déjà chuté dans la mer après un décollage depuis le même site, échappant de justesse à la mort. Ces incidents répétés soulèvent de sérieuses questions sur la sécurité du site et les pratiques des opérateurs locaux.

De graves lacunes en matière de sécurité

Les déclarations de la famille de la victime ont mis en lumière une négligence alarmante. Selon l’oncle de Hussein, le jeune homme n’était pas correctement attaché, et son surpoids n’aurait pas été pris en compte. Une vidéo largement diffusée montre Hussein tentant de s’agripper à la voile pendant plus de deux minutes avant de chuter de manière terrifiante.

Ces éléments révèlent des failles dangereuses dans les procédures de sécurité qui devraient être impérativement respectées par les opérateurs de vols en parapente — en particulier lors de vols avec des mineurs ou des débutants.

Qui peut pratiquer ce sport ?

Dans les pays où la sécurité est une priorité, le parapente est une activité strictement encadrée. Les normes internationales exigent généralement :

- Des instructeurs certifiés par des fédérations reconnues

- Un examen médical obligatoire pour les pratiquants

- Une assurance en cas d’accident et de responsabilité civile

- Un contrôle rigoureux des conditions météorologiques avant le vol

- L’évaluation du poids du pratiquant et la compatibilité avec la voile

- Un âge minimum légal (souvent 16 ou 18 ans)

L’enregistrement préalable des vols auprès des autorités civiles ou sécuritaires

Au Liban, ces mesures sont bien souvent absentes ou appliquées de manière irrégulière. Les activités de parapente sont parfois gérées par des entreprises privées ou des individus sans réelle supervision, créant ainsi un système anarchique guidé davantage par des intérêts commerciaux que par des impératifs de sécurité publique.

Qu’en est-il de la loi ?

À ce jour, il n’existe aucune législation unifiée encadrant le parapente au Liban. Les vols sont parfois autorisés par l’armée, les municipalités ou les instances touristiques, mais ces autorisations ne constituent pas un cadre légal cohérent. Il n’existe pas de fédération officielle active imposant des règles strictes aux moniteurs ou aux sites d’envol. Aucune autorité ne contraint les exploitants à obtenir des licences, à les renouveler ou à vérifier l’état du matériel utilisé.

Comment cela se passe ailleurs ?

En France, en Suisse ou en Autriche, le parapente est soumis à des réglementations rigoureuses :

- Formation obligatoire dans des écoles agréées

- Détention d’un brevet de pilote de parapente

- Supervision par une autorité d’aviation civile

- Assurance obligatoire pour les dommages corporels et la responsabilité

- Enregistrement des vols dans des zones désignées avec surveillance aérienne

À Dubaï, par exemple, l’Autorité de l’aviation civile impose l’enregistrement de tous les vols. Le parapente n’est autorisé que dans certaines zones, sous la supervision d’instructeurs certifiés au niveau international.

Faut-il interdire ou mieux encadrer cette discipline ?

Le parapente n’est pas une activité mortelle en soi. Des centaines de milliers de personnes le pratiquent chaque année à travers le monde sans incidents majeurs — à condition que :

- Des lois claires soient établies

- Les sites et les opérateurs soient soumis à une surveillance officielle

- Les instructeurs détiennent un brevet professionnel obligatoire

- Les pratiquants reçoivent une formation préalable

- Le matériel fasse l’objet de contrôles réguliers

- Une assistance médicale soit disponible sur les lieux

Un appel urgent à l’action

La mort de Hussein dépasse le simple cadre d’un drame personnel — elle constitue un avertissement pour toutes les autorités libanaises. Il est inadmissible qu’un sport aérien soit pratiqué sans encadrement ni contrôle, au risque de transformer une passion en cauchemar pour des familles à la recherche de moments de joie dans un pays déjà accablé par les crises.

Il est grand temps pour le Liban de mettre en place une loi claire régissant le parapente, afin de protéger les vies humaines et prévenir d’autres drames.