En Égypte, les nouilles instantanées Indomie sont devenues un aliment de base chez les élèves et les étudiants, considérées comme un repas pratique et bon marché. Mais un drame survenu dans le gouvernorat de Dakahlia a ravivé les craintes concernant la sécurité de ce produit. Deux jeunes filles, Malak et Marwa, sont décédées après avoir consommé un paquet d’Indomie, déclenchant une vague d’indignation parmi les parents. Pourtant, malgré l’inquiétude du public, aucune mesure concrète n’a été prise. Les chariots de vente d’Indomie continuent d’envahir les rues et les abords des écoles à travers le pays, dans un contexte de quasi-absence de contrôle sanitaire.

Qu’est-ce que l’Indomie – et que contient-il ?

Indomie est une marque de nouilles instantanées préparées en quelques minutes avec de l’eau chaude et des sachets d’assaisonnement. Elle est extrêmement populaire dans le monde entier pour son côté pratique et son goût. Un paquet type contient des nouilles frites à l’huile de palme et un mélange d’arômes artificiels et de conservateurs, notamment le glutamate monosodique (MSG), un exhausteur de goût controversé. Des études l’associent à l’hypertension, aux maux de tête, à des réactions toxiques, voire à une tendance à la surconsommation.

Des analyses en laboratoire dans plusieurs pays ont également révélé la présence d’aflatoxines (toxines issues de moisissures), de résidus de pesticides, et même de composés cancérigènes à des niveaux dépassant les seuils autorisés au niveau international. De quoi jeter une ombre sérieuse sur l’industrie mondiale des nouilles instantanées.

Qui produit l’Indomie – et qui en consomme ?

Indomie est produite par la société indonésienne Indofood, avec des usines implantées dans plus de 80 pays. En dehors de l’Asie, le Nigeria est l’un des plus grands marchés de consommation, avec une production locale sur place. La marque se développe aussi rapidement au Moyen-Orient, notamment en Arabie saoudite, en Égypte et au Maroc. Avec des milliards de paquets vendus chaque année, Indomie est l’un des produits alimentaires les plus consommés au monde.

Au Liban : l’Indomie comme planche de salut en pleine crise économique

Au Liban, où les citoyens vivent une crise économique sans précédent, l’Indomie est devenue un repas quotidien pour de nombreuses familles, en particulier les étudiants et la génération Z. Son prix modique – entre 1 et 3 dollars – en fait une solution abordable face à la flambée des prix des viandes, des légumes, à la pénurie d’électricité et au manque de gaz domestique. Pour beaucoup d’étudiants ou de jeunes travailleurs, c’est une solution rapide qui ne demande ni temps ni effort : il suffit d’un peu d’eau chaude.

Mais à quel prix pour la santé ?

Pour mieux comprendre les risques sanitaires liés à une consommation régulière, nous avons interrogé le Dr Bassam Oweidat, spécialiste en santé publique et nutrition. « L’Indomie n’a quasiment aucune valeur nutritive », explique-t-il. « C’est un mélange de glucides raffinés, de graisses saturées et d’additifs chimiques. Le glutamate monosodique peut irriter le système nerveux, augmenter la tension artérielle et, en cas de consommation fréquente, être lié à des troubles de la concentration ou à un risque accru de cancer. »

Le Dr Oweidat souligne également un phénomène inquiétant : de nombreux jeunes consomment l’Indomie crue, directement sortie du paquet. « Cela augmente les risques d’intoxication alimentaire à cause des huiles oxydées ou des bactéries accumulées », explique-t-il. « Et comme il n’y a que très peu de contrôle sur la provenance des nouilles ou la composition des épices, certains produits peuvent contenir des substances cancérigènes sans que le consommateur ne le sache. »

Conclusion : bon marché, certes… mais pas sans conséquences

Dans une région confrontée à la pauvreté, au manque de temps et à la hausse du coût de la vie, les nouilles instantanées représentent une solution séduisante. Mais derrière cette apparente facilité se cache une menace sanitaire invisible mais bien réelle. L’Indomie est l’exemple parfait d’un repas à bas prix qui, en silence, peut devenir un « poison doux » du quotidien.

Face à ces constats, les autorités sanitaires et éducatives doivent agir : non seulement pour réguler la distribution de ces produits, mais aussi pour sensibiliser le public à leurs dangers et promouvoir des alternatives alimentaires plus saines, même si elles sont moins rapides à préparer.