Lors du 37e sommet franco-britannique, Emmanuel Macron et Keir Starmer ont scellé un accord inédit sur l’immigration clandestine, alors que les traversées de la Manche battent des records. Annoncé jeudi depuis la base militaire de Northwood, ce pacte vise à enrayer l’afflux de migrants arrivant par petites embarcations. « Ce programme pilote exceptionnel » prévoit que des migrants interceptés seront « détenus et renvoyés en France dans les plus brefs délais », a précisé le Premier ministre britannique. En contrepartie, pour chaque personne renvoyée, une autre pourra immigrer légalement au Royaume-Uni, selon le principe du « one for one ». Objectif : tarir le business des passeurs.

Keir Starmer a salué un dispositif de retour des migrants « révolutionnaire », tandis qu’Emmanuel Macron a vanté des « décisions fortes et nouvelles ». La France modifiera également ses pratiques maritimes : les forces de l’ordre interviendront désormais dans les eaux peu profondes, et non plus seulement pour du sauvetage, face aux nouveaux « taxi boats » des passeurs.

L’accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne, inquiète l’Italie, l’Espagne et la Grèce, premiers pays d’entrée, qui craignent d’être contraintes d’accueillir les migrants refoulés selon les règles de Dublin. Pour la BBC, seuls 2 600 migrants par an seraient concernés, soit 1 sur 17, alors que 44 444 traversées ont été recensées en un an.

Au-delà de l’immigration, Londres et Paris ont renforcé leur coopération militaire. Pour la première fois, leurs moyens de dissuasion nucléaire pourront être « coordonnés ». Les deux pays veulent aussi adapter la Force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF) aux nouveaux conflits et améliorer leur coopération industrielle dans l’armement.

Sur le plan économique, le Royaume-Uni investira 163 millions d’euros dans Eutelsat, acteur stratégique du spatial européen, tandis qu’EDF prendra 12,5 % de la future centrale nucléaire britannique Sizewell C. « Le Brexit est derrière nous », a lancé le lord-maire de Londres, Alastair King. Emmanuel Macron, plus prudent, a appelé à « faire cause commune face aux turbulences mondiales ».