Au plus fort de la guerre froide, à l’époque où les affrontements entre l’Est et l’Ouest se jouaient dans l’ombre en particulier entre Washington et Moscou , tout était susceptible d’être infiltré : ambassades, hôtels, cafés, parcs publics, institutions scientifiques, et même les cabines téléphoniques.
Au cœur de ce conflit transcontinental, la CIA (Agence centrale de renseignement américaine) affrontait le KGB (service de renseignement soviétique) dans une guerre secrète où les deux camps rivalisaient pour collecter des informations, exécuter des opérations clandestines et tenter d’influencer les événements mondiaux en faveur de leur camp idéologique. Ces deux agences incarnaient les puissances idéologiques engagées dans une lutte existentielle.
L’espionnage, à cette époque, était un jeu d’échecs très particulier, fait de camouflage, de subterfuge, de dissimulation, de ruse, de tromperie et de défection. Les deux camps s’efforçaient de s’infiltrer mutuellement, à tel point qu’un employé d’ambassade, un touriste ou un professeur d’université pouvait être suspecté jusqu’à preuve du contraire.
Dans cette atmosphère tendue, où un diplomate pouvait transporter dans sa valise une « bombe d’informations », un incident étrange et apparemment banal est survenu, découvert par le KGB par pur hasard.
Ce détail simplissime, dépourvu de toute complexité propre aux affaires de renseignement, concernait des passeports parfaitement valides à 100 % sur le plan visuel et matériel, mais qui cachaient un indice brillant qui a permis de démasquer des dizaines d’agents de la CIA sans aucun effort d’enquête.
Ce secret, c’était tout simplement… les agrafes métalliques des passeports (la fameuse « pince »), utilisées pour fixer les pages du passeport. Ces agrafes avaient une qualité exceptionnelle : elles brillaient, étaient élégamment conçues, au toucher doux, comme fraîchement sorties d’une usine américaine. Elles ne correspondaient pas aux standards industriels soviétiques, surtout en matière de métal, souvent rouillé, rugueux, de fabrication grossière, parfois artisanale.
Avec une simple analyse, les agents du KGB ont remarqué que ces agrafes de passeport étaient de fabrication occidentale, et que la majorité des passeports qui en étaient munis appartenaient à des agents de la CIA en déplacement.
Dès lors, les équipes de contrôle aux frontières soviétiques ont commencé à inspecter les passeports non plus pour les visas, mais pour... les agrafes. Et dans de nombreux cas, ce minuscule morceau de métal a suffi à faire arrêter plusieurs espions, les interroger, et démanteler des réseaux d’espionnage entiers.
Ce moment, qui aurait pu sembler être une plaisanterie bureaucratique au départ, est aujourd’hui enseigné dans les écoles de renseignement à travers le monde. Il constitue une leçon fondamentale en espionnage : il ne suffit plus d’être un agent bien entraîné ou habile, car le diable se cache parfois dans les plus petits détails.