Sous le slogan « Occupants déguisés en déplacés», le Courant patriotique libre (CPL) organise ce samedi 26 avril 2025, à 18h, un grand rassemblement au complexe sportif Michel El Murr à Nahr El-Mot (Metn). L’événement marque le dixième anniversaire du retrait de l'armée syrienne du Liban en 2005 et vise à alerter une nouvelle fois sur les dangers que représente l’afflux massif de réfugiés syriens, dans un contexte de bouleversements au Liban, dans la région et à travers le monde, notamment après la chute du régime Assad à Damas.

Dans la nuit du 18 avril 1989, au plus fort de la guerre de libération qu'il avait lancée contre l'occupation syrienne, le Premier ministre de transition, le général Michel Aoun, déclarait sur les ondes de la Voix du Liban : « J'ai ébranlé le clou syrien », avant d'ajouter : « Je briserai la tête de Hafez al-Assad ». Il conclut son discours par ces mots : « Demain, lorsque la Syrie retirera son armée du Liban, nous établirons avec elle les meilleures relations. »

Depuis, le mouvement fondé par Aoun – devenu plus tard le Courant patriotique libre – n’a cessé de lutter pour la fin de l'occupation syrienne, même après l'exil forcé du général en 1990, à la suite des événements du 13 octobre. Sa revendication de modifier l'accord de Taëf en y insérant une simple « virgule » – une demande d’établissement d’un calendrier de retrait syrien – fut rejetée. Pourtant, il déclarait avec fermeté : « Le monde peut m'écraser, mais il n'obtiendra jamais ma signature. » Il fut écrasé, mais ne céda jamais.

La flamme de la libération ne s’est jamais éteinte parmi les partisans d'Aoun. De 1990 à 2005, ils ont mené une lutte pacifique pour mettre fin à l’emprise militaire et politique syrienne sur le Liban, qui s’étendait de la nomination du plus humble employé public à celle des présidents, ministres, députés et commandants militaires, sous la bénédiction internationale et régionale.

Le prix payé par le CPL est lourd : exils, persécutions, arrestations, marginalisation politique. Même au plus fort de la répression, notamment lors des arrestations massives des 7 et 9 août, les militants du mouvement restèrent fidèles à leur slogan : « Liberté, Souveraineté, Indépendance ».

Lorsque la volonté interne libanaise de libération – portée par le CPL – a commencé à rejoindre la pression internationale, notamment américaine, pour obtenir le retrait syrien, le mouvement a su saisir cette opportunité. Le général Aoun, aux côtés de sénateurs et députés américains, a œuvré pour faire voter des lois en faveur de la souveraineté libanaise. En 2003, les États-Unis étendirent même leur objectif au « démantèlement » du régime syrien. Lors d'une rencontre téléphonique avec des militants, Aoun fut interrogé sur son retour au Liban. Sa réponse : « Je reviendrai en 2005, après le retrait de l'armée syrienne et avant les élections législatives. »

À Paris, le 22 novembre 2004, à l'occasion de la fête de l'indépendance, Aoun réunit ses cadres pour les préparer à l’après-retrait syrien et au retour à la vie politique via les élections. Il envoya même des lettres, remises en main propre, à plusieurs personnalités libanaises et au président syrien Bachar el-Assad, proposant un retrait syrien digne et concerté.

Mais peu de dirigeants libanais prirent son initiative au sérieux. Le militant Hikmat Dib, chargé de transmettre une lettre à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, rapporta que ce dernier s'était montré moqueur, demandant : « Tu crois vraiment que l'armée syrienne va se retirer ? »

Pourtant, elle s’est retirée. Il y a vingt ans, le Liban fut enfin libéré de toute présence militaire étrangère.

Puis, en 2011, le soulèvement en Syrie éclata, dans le sillage du « Printemps arabe ». À partir du 15 mars, certaines villes syriennes tombèrent entre les mains des rebelles, et des flux massifs de réfugiés commencèrent à affluer vers le Liban. D’abord quelques milliers, ils devinrent rapidement des centaines de milliers. Très tôt, Aoun et Gebran Bassil alertèrent sur les dangers de cette situation. Ils furent alors accusés de racisme.

Le général Aoun a raconté avoir reçu, en 2013 à Rabieh, le ministre syrien de la Réconciliation, Ali Haidar, après la reprise de Qoussair par l’armée syrienne. Il lui suggéra d’installer des camps pour réfugiés syriens dans les zones libérées afin d’endiguer le flot vers le Liban. Cette idée, parmi d'autres propositions, resta sans suite, tandis que le président Michel Aoun, dans les plus grandes tribunes internationales, dénonçait la « conspiration du déplacement » contre le Liban.

Avec le temps, il apparut clairement que ni le régime syrien ni la communauté internationale ne souhaitaient le retour des réfugiés en Syrie : Damas pour éviter un fardeau économique, l'Occident pour des motifs stratégiques variés.

Même une fois Michel Aoun élu président et Gebran Bassil ministre des Affaires étrangères, le CPL continua de porter la cause du retour des réfugiés, dont le nombre dépasse aujourd’hui deux millions, avec des conséquences catastrophiques sur l'économie, la sécurité, les finances et la cohésion sociale du Liban déjà vacillant.

À travers le rassemblement d'aujourd'hui, et par l'exposé que fera Gebran Bassil, chiffres et projections à l’appui, le CPL espère réveiller les consciences, tant au sein des autorités que parmi le peuple libanais. Il s'agit de comprendre que le problème des réfugiés syriens n’est pas une lubie politique : c'est une question existentielle.

Oui, certains réfugiés doivent rester, conformément au droit international et à la compassion humaine. Mais l’excuse de la fuite du régime Assad a perdu sa pertinence après la chute du régime. Le nouveau président syrien, Ahmad al-Charâa, entame désormais des discussions bilatérales avec le Liban, notamment sur la question du retour des réfugiés.

En réalité, il ne s'agit plus seulement de réfugiés : il s'agit d’une forme d’occupation. Le CPL, fidèle à son histoire de résistance contre les occupations, promet aujourd'hui encore de mener ce combat, par toutes les voies légales, pacifiques et diplomatiques possibles.