La Turquie et Israël viennent d’engager une fois de plus, depuis mercredi des entretiens de « coordination » en Azerbaïdjan. Les premiers résultats ne semblent pas très positifs d’après les porte-parole des 2 bords. Bien qu'Israël et la Turquie ne soient pas en conflit militaire direct en Syrie, leurs intérêts divergents, notamment concernant l'Iran, les groupes kurdes et l'influence régionale. Ces divergences créent des tensions sous-jacentes. La Turquie s'oppose aux frappes israéliennes en Syrie, tandis qu'Israël considère les alliances de la Turquie avec le Hamas et sa politique syrienne comme problématiques. La situation reste volatile, et c’est sans doute la raison pour laquelle ce dernier round de négociations a été engagé.
Le conflit israélo-turc en Syrie s'inscrit dans une lutte géopolitique plus large impliquant influence régionale, préoccupations sécuritaires et alliances concurrentes. Jusqu’à ce jour, les deux pays ne se sont pas confrontés militairement. Mais les opérations militaires se poursuivent avec Israël qui poursuit sa campagne contre l'Iran et le Hezbollah en Syrie, tandis que la Turquie maintient une présence militaire dans le nord de la Syrie, principalement axée sur les groupes kurdes. Les deux pays évitent donc tout conflit ouvert, mais restent opposés dans les guerres par procuration en Syrie.
Ces dernières années, les discussions entre la Turquie et Israël avaient visé à normaliser leurs relations après une longue période de tensions. Malgré de légers progrès, les désaccords majeurs, notamment concernant la Palestine, la Syrie et les alliances régionales, demeurent non résolus. Depuis 2022-2024, après des années de relations tendues (depuis l'incident du Mavi Marmara en 2010 et le soutien de la Turquie au Hamas), les deux pays ont pris des mesures pour rétablir leurs relations. En Aout 2022, ils effectuaient un rétablissement complet des relations diplomatiques, avec notamment la reconduction mutuelle des ambassadeurs. Une initiative suivie de visites de haut niveau, dont la visite du président israélien Isaac Herzog à Ankara et les entretiens du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan en Israël.
Les deux pays établissaient également une coopération commerciale et énergétique : Les deux parties avaient exploré la possibilité d'exporter du gaz naturel d'Israël vers l'Europe via la Turquie, mais aucun accord majeur n'a été finalisé. La coopération avait même atteint le niveau sécuritaire avec le partage de renseignements ; coopération cependant limitée en matière de lutte contre le terrorisme, notamment concernant les menaces émanant de l’Iran et des groupes militants kurdes.
Un autre niveau de coopération touchait le tourisme et les liens économiques : Reprise des vols directs et augmentation des échanges bilatéraux (atteignant 9,5 milliards de dollars en 2023).
Toutefois, La Turquie avait toujours refusé de rompre ses liens avec le Hamas, mais s’est engagée à empêcher le groupe de lancer des attaques depuis son territoire. Dans ce contexte, et malgré ce rétablissement partiel des relations normales, le désaccord persiste sur les frappes aériennes israéliennes en Syrie : La Turquie a toujours critiqué les attaques répétées d’Israël contre des cibles iraniennes et contre le Hezbollah en Syrie, les qualifiant de violations de souveraineté. Un autre sujet de désaccord, la question kurde : La Turquie reste méfiante quant aux liens passés d’Israël avec les groupes kurdes syriens. Ajoutez à ce dossier, la guerre de Gaza (2023-2024) : Après les attaques du Hamas du 7 octobre, la Turquie a fermement condamné la campagne militaire israélienne, provoquant un nouveau gel diplomatique.
Est-on devant une guerre d’intérêts ou assiste-t-on a un conflit fratricide couvant sous la cendre ? actuellement, les relations diplomatiques restent intactes, mais les tensions restent vives en raison de la guerre de Gaza. Aucun affrontement militaire majeur est signalé en Syrie, mais les politiques demeurent contradictoires : Israël continue de frapper les mandataires iraniens en Syrie, la Turquie maintient sa présence militaire dans le nord de la Syrie (contre les forces kurdes), mais évite tout conflit direct avec Israël.
Amis ennemis ? frères ennemis ? reste à savoir. Leurs intérêts divergents en Syrie empêchent un alignement complet. La guerre de Gaza a ralenti la normalisation, mais la coopération économique et sécuritaire reste un facteur de stabilisation. Pour l'instant, les deux pays évitent toute confrontation directe en territoire syrien, mais restent opposés dans la lutte régionale pour le pouvoir.
Le résultat des pourparlers en Azerbaïdjan pourrait bientôt donner une vision plus claire des rapports entre ces deux pays à la fois alliés et ennemis, et dont la politique en territoire syrien pourrait jouer un rôle crucial pour l’avenir de ce pays actuellement démantelé et livré au commandement d’un gouvernement de facto établi par le groupe islamiste HTC ( Hay’at Tahrir al Sham) dirigé by Ahmad Hussein al-Sharaa (Al Jolani).