Avant qu’aucun responsable américain ait donné des informations ou émis des commentaires sur les réunions de l’envoyée présidentielle américaine Morgan Ortagus avec les responsables libanais, la plupart des détails publiés provenaient de sources libanaises, souvent attribuées à des « cercles proches » ou à des « sources informées ». Seule la présidence de la République a publié un communiqué soulignant le « caractère positif » des discussions, affirmant clairement et sans équivoque la position du président sur des questions épineuses liées aux armes du « Hezbollah », au retrait israélien et à la normalisation avec Israël.
Il est évident que les responsables libanais cherchaient à mettre en avant les aspects positifs et à afficher une fermeté sur des positions clés, comme le fait que « le retrait israélien n’est pas négociable », tout en laissant filtrer des narratifs suggérant que les rencontres avec Ortagus étaient constructives.
Dimanche soir, Ortagus s’est exprimée. Elle a gardé un ton amical, son sourire composé même face à des questions difficiles ou provocatrices visant à révéler des contradictions ou des revirements dans la position américaine.
Ses propos étaient sans ambiguïté : elle s’exprime au nom de l’administration Trump, non à titre personnel, et en tant qu’envoyée présidentielle américaine, elle ne représente pas Israël et n’explique pas les positions israéliennes. Si les Libanais veulent connaître la position d’Israël, qu’ils s’adressent directement à qui de droit.
Pendant la journée, la presse a créé une polémique autour de son collier en forme d’étoile de David. Finalement la controverse s'est dissipée comme des « bulles malodorantes », sans rapport avec la politique. Ce n'est pas le collier qui dicte les positions ni reflète les opinions de celle qui le porte.
Ortagus a présenté au Liban deux choix : tenir vos engagements — désarmer le Hezbollah, centraliser les armes sous l’autorité exclusive de l’État, appliquer pleinement le cessez-le-feu et la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU (ainsi que les résolutions internationales connexes) sur l’ensemble du territoire libanais, et adopter des réformes administratives, économiques et financières — pour garantir un partenariat avec les États-Unis. Ou tergiverser, et gâcher l’opportunité.
Elle a également précisé que si la normalisation avec Israël n’a pas été discutée avec le président, celui-ci ne s’est pas opposé à la formation de trois comités pour traiter de questions spécifiques avec Israël.
Nous croyons que ce gouvernement diffère des précédents, déterminé à ce que chaque pouvoir reste dans son rôle constitutionnel. Des signes indiquent que le pouvoir législatif pourrait réaffirmer son rôle de contrôle en plus de son rôle législatif.
Notre espoir est que les responsables aient appris des erreurs de leurs prédécesseurs. Comme l’a observé un ambassadeur étranger ayant passé des années au Liban durant des périodes troubles : les dirigeants libanais agissaient autrefois comme un homme fiancé à une femme tout en convoitant son amie — ignorant que les deux femmes partageaient leurs secrets.
La leçon ? La transparence et la fidélité comptent. L’avenir du Liban ne dépend pas de gestes vides, mais d’une volonté réelle de défendre sa souveraineté, ses réformes et ses obligations internationales. Le message d’Ortagus était clair : c’est au Liban de jouer.