Nous avons toujours tendance à « gober » ce que les médias occidentaux nous servent sur la Russie et sur ses intentions belliqueuses, et à voir le monde sous l’angle du bicéphalisme politique et militaire d’une planète divisée en deux camps : le camp occidental et le camp oriental. Nous avons rarement l’occasion d’avoir la curiosité de chercher à savoir comment ce camp occidental regarde son « ennemi ». Comme nous ne sommes pas seuls sur la planète, il est bon aussi de regarder le globe d’Est en Ouest. L’Est a ses médias, comment donc regarde-t-il les autres, et comment fonctionnent ses médias.
Tout comme l’Ours Russe est perçu et marketé comme étant d’un autre monde, l’Ouest et ses « mainstream médias » sont perçus comme des agresseurs, des « colons » des va-t’en guerre pour piller et voler les ressources planétaires pour continuer à faire fonctionner son système glouton en énergie et en matières premières au meilleur prix pour ne pas dire « gratuitement ».
Les opinions des Russes sur les médias occidentaux sont fortement influencées par le climat politique, les tensions historiques et les conflits géopolitiques en cours. Le sentiment dominant en Russie, en particulier parmi les responsables gouvernementaux et les médias d’État, est celui du scepticisme et de la critique, encadrés par la conviction que les médias occidentaux agissent souvent comme un outil de guerre politique et idéologique contre la Russie. Cette dynamique est particulièrement évidente dans la représentation que fait la Russie de la couverture par l’Occident de questions telles que la guerre en Ukraine, l’empoisonnement présumé des dissidents et les manifestations nationales.
Médias indépendants et médias d’Etat
L’opinion publique Russe n’est pas monochrome. Le peuple Russe contre toute attente voyage beaucoup et « travaille » beaucoup avec l’étranger. Il est donc informé, et a un accès à des sources d’information indépendantes ou étrangères, et peut donc avoir des opinions plus nuancées ou divergentes sur les médias occidentaux.
Perception des médias occidentaux dans le contexte des événements mondiaux
La Russie est sous sanctions. Le policeman US ne se prive pas. Les médias russes sont clairement pointés du doigt comme étant « contrôlés par l’Etat » ce qui est vrai d’une certaine façon, car la Russie est présentée comme un ennemi permanent et donc en état de guerre permanente avec l’Ouest. Si l’on part de la guerre en Ukraine, et depuis l’annexion de la Crimée en 2014, les relations de la Russie avec les médias occidentaux sont devenues encore plus tendues. Les médias « contrôlés par l’État Russe » présentent souvent le conflit sous un jour qui contredit les récits occidentaux, dépeignant la Russie comme un défenseur contre l’expansion de l’OTAN et l’ingérence occidentale. Les médias occidentaux, en revanche, mettent généralement l’accent sur l’agression Russe, les crimes de guerre et les violations du droit international, et des valeurs – même si elles sont violées par l’Ouest, et qui sont considérées comme des valeurs démocratiques.
La Russie a une longue histoire de tensions avec l’Occident, qui remonte à la guerre froide. Le clivage idéologique entre le capitalisme (mené par les États-Unis et ses alliés) et le communisme (mené par l’Union soviétique) a nourri une profonde méfiance à l’égard des récits occidentaux. Cette histoire continue de façonner aujourd’hui l’opinion Russe sur les médias occidentaux.
Guerre de l’Information
Dans une tendance moderne et occidentale, et pour contrer l’influence des médias occidentaux, la Russie a investi dans des médias comme RT (Russia Today) et Sputnik, qui présentent une perspective Russe sur les événements mondiaux. Ces médias sont souvent présentés comme une alternative à la propagande perçue des médias occidentaux.
Le narratif de la « russophobie »
L’un des thèmes clés de la critique Russe des médias occidentaux est la notion de « russophobie », c’est-à-dire de peur et de haine irrationnelles envers la Russie. Les responsables Russes affirment souvent que les médias occidentaux, notamment en Europe et en Amérique du Nord, perpétuent des stéréotypes négatifs sur les Russes, sapent la réputation de la Russie dans le monde et alimentent le sentiment antiRusse.
Les médias occidentaux évoquent souvent les effets des sanctions internationales sur l’économie Russe, les présentant comme un moyen de tenir la Russie responsable de ses actes. Le gouvernement Russe contredit ces récits, décrivant les sanctions comme une tentative injuste de l’Occident d’étouffer la croissance et l’indépendance de la Russie. Le narratif Russe met par ailleurs l’accent sur l’hypocrisie des médias occidentaux, les accusant de négliger les défauts des gouvernements occidentaux tout en se concentrant intensément sur les questions Russes telles que l’autoritarisme, les violations des droits de l’homme, la répression de la dissidence politique et les actions du président Vladimir Poutine. Cette représentation tend à renforcer le scepticisme Russe quant à l’équité des médias occidentaux.
Conclusion
De guerre en guerre et de perception en perception, le tissu informationnel Est-Ouest est ravagé de clichés de part et d’autre, ce qui oblige l’opinion publique internationale libre à chercher où se trouve la vérité sur les divers domaines couverts par les médias. Nous gardons en arrière-plan le fait que des milliards sont dépensés par les deux camps pour reluire leur image respective.
Il reste que cette opinion ballotée de part et d’autre n’a plus que les médias sociaux pour essayer de visionner l’intérieur des deux camps vu par les populations en direct sur les smartphones.