La situation entre le Liban et Israël est entrée dans une phase sensible et décisive. Israël menace de lancer une nouvelle guerre si les armes du « Hezbollah » ne sont pas démantelées, tandis que le Liban propose des négociations indirectes dans le cadre du « Comité du Mécanisme », exigeant que Tel-Aviv respecte le cessez-le-feu et se retire des zones occupées conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Les États-Unis, pour leur part, appellent le Liban à saisir la détermination du président Donald Trump à instaurer la paix au Moyen-Orient, en s’appuyant sur l’accord de Gaza qu’il a imposé à Israël et au Hamas, et auquel l’Égypte et l’Allemagne se sont ensuite jointes.
Ces efforts visent à mettre en place un cadre de négociations libano-israéliennes susceptible de déboucher sur un accord mettant fin à l’état de guerre actuel et empêchant un nouveau conflit. L’Égypte a proposé une trêve de 90 jours durant laquelle le cessez-le-feu serait consolidé et Israël se retirerait des cinq collines situées dans le sud du Liban, en échange du gel des activités militaires du « Hezbollah » au sud du fleuve Litani.
À ce moment-là, une nouvelle position américaine a émergé à travers l’émissaire Tom Barrack, qui a qualifié le Liban d’« État défaillant » n’ayant « plus de temps devant lui et devant rapidement centraliser toutes les armes ». Barrack a pressé les autorités libanaises de désarmer « Hezbollah », affirmant qu’« Israël bombarde quotidiennement le sud du Liban parce que les armes de Hezbollah existent toujours ». Ses déclarations ont coïncidé avec l’arrivée d’une délégation militaire américaine au Liban afin d’évaluer les actions de l’armée et ses besoins, tandis que le sous-secrétaire américain au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, John Hurley, entamait une tournée régionale incluant Beyrouth.
Le président Joseph Aoun avait déjà annoncé la disposition du Liban à engager des négociations indirectes avec Israël dans le cadre du « Comité du Mécanisme », à l’image des pourparlers de 2022 ayant conduit à la délimitation des frontières maritimes. Il n’a exprimé aucune objection à l’élargissement de ce comité par l’inclusion d’experts civils et techniques plutôt que de responsables politiques ou diplomatiques.
À la lumière de la récente visite de l’émissaire américaine Morgan Ortagus au Liban et en Israël, suivie d’une activité diplomatique égyptienne et allemande, les perspectives de négociations libano-israéliennes demeurent suspendues entre la diplomatie et l’escalade militaire, avec un large fossé séparant les positions des deux parties, aggravé par des complications internes et internationales. Le Liban insiste pour que les négociations se déroulent exclusivement de manière indirecte à travers le « Comité du Mécanisme », rejetant toute discussion politique directe ou la conclusion d’un accord de paix global. Il exige également l’arrêt préalable des agressions israéliennes, le déploiement de l’armée libanaise jusqu’à la frontière et le retrait d’Israël des territoires libanais. Dans le même temps, le Liban accepte en principe de « renforcer » le Comité du Mécanisme par l’ajout d’experts civils et techniques afin de consolider le processus de négociation indirecte.
Israël, de son côté, lie toute négociation au désarmement de « Hezbollah » et refuse d’appliquer un cessez-le-feu avant de s’assurer que le groupe s’est totalement retiré militairement du sud du Litani et qu’il a cessé de reconstruire ses capacités militaires. Dans le même temps, Israël menace de déclencher une guerre si ce qu’il qualifie d’« hésitation » du gouvernement libanais à désarmer « Hezbollah » se poursuit.
Dans ce contexte, les États-Unis exercent des pressions pour ouvrir une voie de négociation plus large — directe ou indirecte — allant au-delà des arrangements sécuritaires temporaires, afin de mettre fin à l’état de guerre et d’instaurer une normalisation ou un accord de paix. Washington réitère son appel aux autorités libanaises à conserver le monopole des armes et à démanteler les structures militaires de « Hezbollah », tant au sud qu’au nord du Litani. « Hezbollah », pour sa part, maintient sa position de refus, posant comme condition à toute négociation la cessation des tirs par Israël et son retrait du territoire libanais.
Dans ce cadre, l’Égypte a proposé une initiative prévoyant une trêve de trois mois, au cours de laquelle Israël commencerait à se retirer des positions occupées parallèlement au désarmement de « Hezbollah » au sud du Litani et à une délimitation complète des frontières. L’Égypte et l’Allemagne ont conseillé au Liban de s’inspirer du « modèle de Gaza ». Par conséquent, des négociations indirectes devraient avoir lieu dans le cadre du « Comité du Mécanisme », après son « renforcement » par des experts en affaires frontalières plutôt que des responsables politiques ou diplomatiques — une suggestion qui aurait été formulée par Ortagus lors de sa récente visite au Liban et en Israël. Cependant, la réussite de ce processus demeure tributaire de la capacité de Washington à garantir une trêve durable.
Alors que certains établissent un parallèle entre l’accord du 17 mai 1983 et les idées actuellement avancées pour mettre fin à la guerre en cours, cette comparaison montre que l’accord du 17 mai constituait un véritable traité de paix prévoyant une reconnaissance mutuelle, la fin des hostilités et la création de « bureaux de liaison » préparant l’établissement de relations diplomatiques. En vertu de cet accord, Israël s’était engagé à un retrait total des territoires libanais occupés en 1982 dans un délai de douze semaines. Il prévoyait également la création d’une « zone de sécurité » à l’intérieur du territoire libanais, limitant les mouvements de l’armée libanaise, et la formation de comités tripartites américano-israélo-libanais chargés de superviser cette zone.
Les formules actuellement en discussion n’incluent ni normalisation ni relations diplomatiques, mais se concentrent uniquement sur la mise en œuvre d’un accord de « cessation des hostilités » à travers des négociations indirectes portant sur les arrangements sécuritaires. Le Liban, dans ce cadre, réclame le retrait d’Israël des territoires occupés lors du récent conflit — les cinq collines et leurs environs — ainsi que des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et d’autres points occupés depuis 1967. Les discussions portent également sur le renforcement du rôle et du déploiement de l’armée libanaise dans le sud, ainsi que sur le démantèlement des infrastructures militaires du « Hezbollah », conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
En conclusion, l’accord du 17 mai représentait un projet global de paix complète entre le Liban et Israël, tandis que la proposition actuelle se limite à un arrangement restreint, axé sur la fin des hostilités et la sécurisation des frontières terrestres afin de les rendre sûres pour les deux parties.
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