Au plus fort de la flambée historique qui a propulsé le prix de l’or au-delà des 4 000 dollars l’once, les projecteurs se tournent désormais vers ce que l’on appelle le « nouvel or chinois », une innovation technologique qui suscite l’effervescence sur les marchés mondiaux. Mais qu’est-ce exactement que cet or ? Et a-t-il déjà atteint le Liban ?
Qu’est-ce que le « nouvel or chinois » ?
Contrairement à ce qui circule sur les réseaux sociaux, la Chine ne cherche pas à remplacer l’or traditionnel, mais à l’améliorer. Le nouvel or chinois, officiellement appelé « Hard Pure Gold » (or pur durci), est un or d’une pureté d’au moins 99,9 % (24 carats) dont la dureté a été renforcée grâce à des techniques industrielles avancées, sans y ajouter d’autres métaux qui en diminueraient le titre.
Cette avancée constitue une véritable percée technologique dans le monde des métaux précieux, permettant de produire des bijoux à la fois purs et résistants — bien plus à l’épreuve des rayures et des déformations que les pièces traditionnelles en or 24 carats.
La nouvelle norme industrielle chinoise, entrée en vigueur le 1er mai 2025, fixe une pureté minimale de 99,9 % et une dureté d’au moins 60 sur l’échelle de Vickers (HV) — équivalente à celle de l’or 22 carats — faisant de ce métal un produit unique en son genre.
Comment cette avancée technologique a-t-elle été réalisée ?
Cette nouvelle dureté a été obtenue grâce à des procédés d’ingénierie de haute précision, notamment :
– le contrôle de la taille des grains cristallins au cours de la fabrication ;
– l’électroformage, qui renforce la structure du métal ;
– et la technique de la cire perdue, utilisée pour concevoir des bijoux d’une extrême finesse.
Ces procédés ont permis de conserver la pureté exceptionnelle de l’or tout en lui conférant une résistance accrue, le rendant plus pratique au quotidien — notamment pour les bijoux féminins, où la durabilité et l’esthétique vont de pair.
Une expansion mondiale
En Chine, ce type d’or est commercialisé depuis plusieurs années sous différentes appellations, mais il a acquis une reconnaissance officielle avec l’entrée en vigueur de la nouvelle norme industrielle et le lancement d’une vaste campagne de promotion. Le World Gold Council (Conseil mondial de l’or) y a d’ailleurs consacré un espace spécial lors du salon Jewelry & Gem WORLD de Hong Kong (septembre 2025), en partenariat avec 14 fabricants chinois, ouvrant ainsi la voie à une expansion mondiale.
En dehors de la Chine, la diffusion de ce nouvel or n’en est encore qu’à ses débuts, limitée à des contrats d’approvisionnement et à des expositions pilotes, sans qu’il ne soit encore largement disponible sur les marchés internationaux.
L’or chinois est-il arrivé au Liban ?
Pour l’heure, aucun grand bijoutier libanais n’a officiellement annoncé la commercialisation de cette nouvelle catégorie d’or. L’offre locale reste concentrée sur les bijoux en or 18 carats et sur les lingots allant de 21 à 24 carats.
Cependant, l’arrivée de l’« or pur durci » sur le marché libanais semble plausible par le biais de l’importation de pièces finies issues des fabricants présents au salon de Hong Kong, notamment dans les boutiques spécialisées dans les créations légères et délicates, difficiles à réaliser avec l’or traditionnel.
Certains commerçants estiment que la rareté de la liquidité en or sur le marché local, combinée à la hausse de la demande, pourrait inciter certains importateurs à tester cette nouvelle catégorie — à condition que les produits soient accompagnés de certificats clairs et de normes transparentes.
Les défis de son adoption au Liban
Avant d’envisager une véritable « expansion », trois points essentiels doivent être abordés :
Transparence des spécifications : chaque pièce doit être accompagnée d’un certificat officiel prouvant sa conformité à la norme chinoise — une dureté égale ou supérieure à 60 sur l’échelle de Vickers (HV) — ainsi qu’un rapport de pureté émis par un laboratoire agréé.
Politique de rachat : le marché libanais repose sur la liquidité lors de la revente ; les bijoutiers doivent donc offrir un mécanisme clair de rachat avec des marges équitables.
Différencier l’or durci de l’or plaqué : il est crucial d’éviter toute confusion entre le précieux « or pur durci » et le « faux or chinois plaqué », moins coûteux, qui avait autrefois terni la réputation des produits chinois.
Une solution technologique
L’économiste et spécialiste des marchés des métaux, Georges Abi Nader, a expliqué à Al-Safa News que « le nouvel or chinois apporte une solution technologique à un vieux problème de l’industrie de la bijouterie : la trop grande malléabilité de l’or pur ». Il ajoute que « l’adoption de cette catégorie au Liban dépendra de deux facteurs : la confiance dans la provenance du produit et la liquidité du marché ».
Abi Nader précise également que « ce métal possède une valeur réelle grâce à sa pureté totale, mais sans reconnaissance institutionnelle ni intégration dans le système bancaire, son usage restera limité au domaine esthétique plutôt qu’à celui de l’investissement ».
En somme, le nouvel or chinois n’est pas un substitut à l’or traditionnel, mais une évolution intelligente de celui-ci. Et s’il parvient jusqu’au Liban, il pourrait offrir aux consommateurs des modèles plus légers et contemporains — à condition que les certifications et les spécifications soient totalement transparentes.
Quant aux bijoutiers, l’équation est simple : si la demande est au rendez-vous et que les normes sont claires, une nouvelle ère de la joaillerie pourrait bien s’ouvrir au Liban.
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