Les montagnes couvrent près de 20 % des terres émergées de la planète, formant des écosystèmes vitaux et des ressources naturelles inestimables. Dans cette classification mondiale, le Liban — « pays des cèdres » — occupe une place de premier plan, se classant au neuvième rang mondial parmi les pays ayant la plus forte proportion de reliefs montagneux. Avec environ 81,1 % de sa superficie recouverte de montagnes, ce classement n’est pas une simple donnée géographique ; il s’agit d’un trait naturel essentiel qui façonne l’identité du Liban et influence directement de nombreux aspects de la vie. Les chaînes montagneuses de l’Ouest et de l’Est forment la colonne vertébrale du pays, le divisant entre des plaines côtières étroites et des vallées fertiles.

La géographie montagneuse du Liban revêt une importance économique et touristique majeure. Les hautes terres jouent un rôle vital dans l’économie libanaise, notamment à travers le secteur du tourisme, puisqu’elles offrent des environnements idéaux tout au long de l’année. En hiver, les stations de ski constituent des pôles d’attraction régionaux, tandis qu’en été, les villages de montagne offrent un refuge contre la chaleur côtière, favorisant le tourisme d’aventure, la randonnée et l’escalade. De plus, les sols montagneux et les terrains en terrasses soutiennent des cultures spécialisées et à forte valeur ajoutée, telles que les oliviers, les vignobles (pour la production de vin), les pommiers et les cerisiers, qui représentent une part importante des exportations libanaises. Plus encore, les montagnes jouent le rôle de « réservoirs naturels d’eau » du pays : la fonte des neiges alimente les rivières et les sources, garantissant l’approvisionnement en eau potable, l’irrigation et la production d’énergie hydroélectrique, véritable pilier de la stabilité économique.

Sur le plan climatique, les montagnes libanaises créent une remarquable diversité au sein d’un territoire restreint. Agissant comme des barrières naturelles, elles engendrent des contrastes climatiques marqués et adoucissent la chaleur estivale, tout en contribuant à attirer les pluies et les chutes de neige. Sur le plan écologique, ces montagnes abritent des habitats naturels uniques qui soutiennent une « riche biodiversité », notamment les célèbres forêts de cèdres et les réserves naturelles, véritables réservoirs génétiques d’importance nationale et régionale.

Dans une interview accordée à Al Safa News, l’experte en environnement, la Dre Sally Jaber, a déclaré : « La géographie montagneuse du Liban est un atout qu’il faut exploiter avec sagesse. Selon nos recherches, l’attention doit être portée sur le développement d’une « économie verte de la montagne », ce qui nécessite la création d’infrastructures touristiques respectueuses de l’environnement, la promotion de l’écotourisme, la protection des forêts et la régulation de l’expansion urbaine dans les zones montagneuses afin de prévenir l’empiétement sur les espaces naturels et d’assurer la durabilité des ressources en eau. »

Malgré ces atouts, le Liban fait face à d’importants défis dans la gestion de sa richesse montagneuse. La Dre Jaber explique : « L’urbanisation anarchique des pentes montagneuses menace l’environnement et accroît les risques de glissements de terrain. La dégradation environnementale causée par la déforestation, les incendies répétés et la mauvaise gestion des déchets menace la biodiversité et réduit la capacité des montagnes à absorber l’eau. À cela s’ajoutent la faiblesse des infrastructures dans les villages de montagne et l’impact croissant du changement climatique, qui risque de raccourcir la période et de diminuer la quantité des chutes de neige, mettant en péril l’industrie du ski et les réserves d’eau. »

Pour transformer ces défis en opportunités, des mesures décisives doivent être prises, à commencer par la mise en œuvre de plans d’aménagement stricts pour encadrer la construction dans les zones montagneuses et interdire l’empiétement sur les biens publics, tout en orientant les investissements vers l’écotourisme et le tourisme de randonnée afin de renforcer les économies locales des villages. L’investissement dans les projets de protection des sources, la construction de barrages et la collecte des eaux de pluie est également essentiel pour garantir la sécurité hydrique. Sur le plan environnemental, il est nécessaire de renforcer le rôle des gardes forestiers, de lancer de vastes campagnes de reforestation et de développer des systèmes d’alerte précoce et de lutte efficace contre les incendies. Enfin, il faut soutenir les agriculteurs afin de préserver les terrasses agricoles traditionnelles, qui réduisent l’érosion des sols et conservent le paysage naturel.

Le statut géographique unique du Liban — neuvième pays le plus montagneux du monde — constitue un véritable « trésor national ». Préserver et développer ce trésor exige l’adoption de politiques intégrées conciliant développement économique et protection de l’environnement, afin d’assurer la durabilité de cet écosystème exceptionnel pour les générations futures.