Alors que le Liban attend la séance du Conseil des ministres prévue vendredi pour examiner le plan d’application élaboré par l’armée en vue de confiner toutes les armes sous l’autorité de l’État d’ici la fin de l’année, l’arsenal du « Hezbollah » se retrouve à un nouveau carrefour – à la croisée des dynamiques locales et régionales, où les réalités du champ de bataille s’entrechoquent avec les impératifs constitutionnels. La présidence de la République et l’institution militaire affirment qu’« il n’y aura pas de retour en arrière », tandis que le président du Parlement, Nabih Berri, trace ses lignes rouges contre tout désarmement forcé, appelant plutôt à une « stratégie défensive apaisée » qui rejoint les réserves du « Hezbollah » sur la mouture actuelle du plan.
Le Conseil des ministres : « Jamais deux sans trois » ?
Il convient de souligner que la plus haute autorité du Liban, le Conseil des ministres réuni au complet, a déjà validé le principe d’une solution définitive et radicale à la question des armes du « Hezbollah ». Tous les regards se tournent désormais vers la réunion de vendredi pour connaître le sort du plan confié à l’armée, censé être mis en œuvre d’ici la fin de l’année. La question centrale demeure : la séance d’aujourd’hui s’inscrira-t-elle dans la continuité des réunions des 5 et 7 août qui avaient approuvé les objectifs de la feuille de route présentée par l’émissaire américain Tom Barrack ? Et la décision du Conseil aura-t-elle force exécutoire par elle-même, ou restera-t-elle otage de compromis politiques qui encadreront son application ?
Le satellite israélien : « Nous vous surveillons en permanence »
Au moment où le Liban débat de l’arsenal du « Hezbollah » et de ses implications déstabilisatrices, Israël a lancé un nouveau satellite espion, « Ofek 19 », présenté comme un message clair à ses « ennemis » : ils sont constamment sous surveillance. Cette démonstration technologique ne relevait pas du simple symbole – elle était directement liée aux derniers mois de confrontation avec l’Iran, au cours desquels Israël a collecté plus de 12 000 images satellitaires pour guider ses frappes de précision.
L’assassinat de Nasrallah : le terrain décide
Le développement le plus inquiétant reste la révélation par le Mossad de la présence de ses agents à Beyrouth avant l’assassinat de l’ancien secrétaire général du « Hezbollah », Hassan Nasrallah, en septembre. Alors que le mouvement se targuait de ses capacités sécuritaires et militaires, le Mossad – selon ses propres responsables – a réussi à opérer « sous le feu » au cœur de la banlieue sud de Beyrouth, recueillant des renseignements précis qui ont permis de porter le coup fatal. L’image qui se dessine est à la fois plus nette et plus douloureuse : la technologie seule n’a pas suffi, elle s’est conjuguée à une infiltration de terrain dans la capitale libanaise, transformant l’impossible en possible.
Le « Hezbollah » hier et aujourd’hui : de la dissuasion à la vulnérabilité ?
L’assassinat de Nasrallah, associé à la supériorité technologique et renseignementielle d’Israël – notamment illustrée par l’opération des « pagers » – suscite des interrogations sérieuses sur l’utilité persistante des armes du « Hezbollah » dans l’équation libanaise actuelle. Longtemps perçues comme un outil de dissuasion, elles risquent aujourd’hui de se transformer en fardeau, plaçant le pays devant un choix crucial : un État souverain que la majorité des Libanais aspire à voir émerger, en phase avec les attentes régionales et internationales, ou une entité parallèle arrimée aux orientations de Téhéran.
Durant des décennies, l’arsenal du « Hezbollah » a servi de carte de pression régionale au profit de l’Iran. Mais les événements récents – de la confrontation avec Israël à la scène de l’assassinat – ont montré que ces armes ne sont ni inviolables ni à l’abri des percées technologiques de l’adversaire.
La bataille du choix national
Aujourd’hui, entre le plan de l’armée, les délibérations du gouvernement et la suprématie israélienne dans l’espace comme sur le terrain, le Liban se retrouve face à une seule question : le dossier des armes du « Hezbollah » sera-t-il clos par une volonté interne qui restaurera l’autorité de l’État, conformément aux aspirations des Libanais de toutes régions à bâtir un État national crédible ? Ou restera-t-il prisonnier de calculs régionaux, entraînant le pays dans des confrontations coûteuses et sans issue, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ?
Peut-être le Liban, en ce moment critique, n’a-t-il pas besoin de davantage d’armes, mais plutôt du courage d’une décision nationale. Comme l’ont prouvé les expériences passées, seul l’armée peut offrir un toit protecteur à tous, et seul l’État est en mesure de donner aux Libanais une lueur d’espoir – semblable à une bouffée d’air à Yarzeh quand le monde leur semble étouffant.