Anvers, la paisible ville belge située à quelques kilomètres de la frontière néerlandaise, à environ 45 km de la capitale Bruxelles, n’est pas une simple ville européenne traditionnelle. Elle est le cœur de l’industrie mondiale du diamant. Depuis le XVIe siècle, les commerçants y affluent de partout, à tel point que son quartier diamantaire concentre plus de 80 % du commerce mondial du diamant. On disait toujours que voler un diamant à Anvers était impossible jusqu’à ce que survienne le cambriolage qui changea tout.
Le 15 février 2003, le monde découvrit que les coffres-forts les plus sécurisés au monde, semblables à ceux de Fort Knox, avaient été la cible du plus grand vol de l’histoire moderne. Tout a commencé avec un homme italien nommé Leonardo Notarbartolo, chef d’un gang criminel professionnel basé à Turin.
Il n’entra pas à Anvers comme un inconnu, mais en professionnel déguisé. Il loua un petit bureau au sein du Antwerp World Diamond Center, se présentant comme un humble « négociant en diamants », vêtu de costumes élégants, buvant son café aux côtés des grands marchands, partageant avec eux les conversations du quotidien. Personne ne se doutait que derrière ce sourire se cachait le projet du « casse du siècle ».
Pendant deux années entières, Notarbartolo observa les lieux avec une extrême attention. Il parvint, par des moyens ingénieux et très professionnels, à obtenir des photos de la « forteresse souterraine » où se trouvaient les coffres, protégés par des dizaines de systèmes de sécurité successifs. Il élabora alors un plan de vol complexe et très précis. Le plan d’évasion semblait presque impossible. Pourtant, dans son esprit, tout était parfaitement orchestré, digne d’un scénario hollywoodien imaginé par les meilleurs auteurs, et mis en scène par un esprit obsédé par la perfection, comme si le temps lui-même était complice de ce vol.
La nuit de l’opération, les lieux se transformèrent en théâtre d’une prouesse criminelle glaciale. Le gang se déplaçait dans un silence total, comme une ombre glissant entre les murs, équipé de technologies de pointe pour contourner chaque barrière de sécurité.
Des heures de travail silencieux et méticuleux aboutirent à un moment décisif : la dernière porte s’ouvrit lentement, révélant 189 coffres métalliques. À l’intérieur, des diamants bruts étincelaient de leur innocence brutale, des bijoux rares équivalant à des fortunes entières, et des montres de luxe pouvant enrichir à jamais n’importe quel gang. Ils rassemblèrent leur butin calmement, estimé à plus de 100 millions de dollars, puis s’évanouirent comme ils étaient venus, tels des fantômes, sans bruit, sans trace.
Le lendemain matin, à l’arrivée des gardiens, ce fut le choc. Les coffres, considérés comme inviolables, avaient été ouverts et vidés. La police belge qualifia l’opération de « chirurgie de précision » réalisée avec un sang-froid hors du commun. Les médias, quant à eux, l’appelèrent rapidement « le casse du siècle ».
Quelques jours plus tard, la police retrouva des sacs-poubelle jetés dans une forêt proche de Bruxelles. À l’intérieur : restes de nourriture, bouteilles vides, outils utilisés lors du cambriolage et des papiers portant les empreintes de Notarbartolo, qui fut arrêté et condamné à dix ans de prison, avec plusieurs membres du gang. Pourtant, il affirma toujours que le plan ne venait pas uniquement de lui, mais qu’il avait eu des complices jamais identifiés.
La partie la plus mystérieuse de l’histoire n’est pas l’arrestation du gang, mais la disparition des diamants eux-mêmes. Jusqu’à aujourd’hui, la majeure partie du butin n’a jamais été retrouvée. On pense qu’il a été discrètement écoulé dans des marchés noirs internationaux via des réseaux mafieux très complexes.
Malgré le scandale de sécurité qui secoua le monde, Anvers n’a pas perdu son statut de capitale du diamant. Elle a même profité du choc pour renforcer ses défenses : systèmes de surveillance plus avancés, sécurité accrue dans son quartier emblématique. Mais cette nuit-là reste une tache difficile à effacer. Ce vol reste une légende vivante.