La mer a toujours constitué le poumon économique du Liban et sa porte d’ouverture sur le monde, à travers ses ports vitaux et sa présence historique dans la navigation maritime. Dans un développement notable, le directeur général du transport terrestre et maritime, Ahmad Tamer, a annoncé que le Liban avait gagné quatre rangs au sein de la liste grise du Mémorandum de Paris sur le contrôle par l’État du port, se retrouvant ainsi à une étape seulement d’intégrer la prestigieuse liste blanche des pays jouissant d’une solide réputation maritime.

Selon Tamer, cette progression reflète la confiance croissante envers les navires battant pavillon libanais, désormais davantage respectés dans les ports internationaux, notamment en Europe. Ce succès est attribué aux efforts consentis pour améliorer les services d’inspection et d’audit maritimes, garantissant des procédures plus rapides, une meilleure qualité et une conformité complète avec les normes internationales de sécurité et de protection de l’environnement.

Reconnaissance internationale des certificats maritimes libanais

Le succès du Liban ne se limite pas à l’amélioration de son classement. Les certificats maritimes libanais délivrés aux marins sont aujourd’hui largement reconnus, leur permettant de travailler dans des ports européens et du Golfe. Cette reconnaissance mondiale renforce la présence de l’expertise libanaise dans le secteur maritime international.

Le Liban se prépare également à soumettre un dossier complet à l’Organisation maritime internationale (OMI) afin d’obtenir une certification mondiale de qualité pour ses titres maritimes, un accomplissement qui consacrerait sa position en tant qu’État maritime sérieux et digne de confiance.

L’importance du Mémorandum de Paris

Le Mémorandum de Paris constitue l’un des principaux cadres de conformité aux normes maritimes mondiales. Ses objectifs incluent :

- Le renforcement des inspections des navires dans les ports.

- Le respect des exigences de sécurité et de sûreté maritimes.

- La protection de l’environnement contre la pollution marine.

- Le développement de la coopération entre les autorités portuaires des États membres.

À ce jour, l’Arabie saoudite reste le seul pays arabe inscrit sur la liste blanche, tandis que le Liban demeure sur la liste grise aux côtés de l’Égypte, de la Tunisie et du Maroc.

La route vers la liste blanche

L’expert maritime, le Dr Jamal Itani, a déclaré à Al Safa News que les récents progrès du Liban soulignent son engagement à renforcer sa stature maritime, mais que des efforts supplémentaires restent nécessaires pour intégrer la liste blanche. Selon lui, les prochaines étapes consistent à :

- Renforcer la supervision des navires libanais en modernisant les systèmes d’inspection et en formant régulièrement les équipes.

- Investir dans les infrastructures maritimes, telles que les ports et les centres de formation, afin de se conformer aux normes européennes.

- Étendre la coopération avec les États membres du Mémorandum de Paris pour assurer la coordination et l’échange de savoir-faire.

- Lutter contre la corruption et la bureaucratie, qui minent la confiance internationale envers les institutions libanaises.

- Lancer une stratégie nationale de transport maritime reliant réforme législative, développement des compétences et valorisation de la position géographique du Liban en tant que porte d’entrée vers le Moyen-Orient.

Il conclut que l’entrée du Liban dans la liste blanche ne constituerait pas seulement une classification technique, mais un tournant stratégique. Cela renforcerait le commerce maritime, attirerait des investissements et créerait de nouveaux emplois, transformant ainsi le secteur en levier de redressement économique à un moment critique.

Un pas en avant, mais encore du chemin

L’avancée du Liban dans le rapport 2024 du Mémorandum de Paris représente une étape importante vers la reconquête de son rôle maritime historique. Toutefois, pour accéder à la liste blanche, il faudra une volonté politique claire et un investissement réel dans le secteur maritime afin de bâtir la confiance et la puissance économique. Si les réformes sont menées à bien, les ports libanais pourraient redevenir des plaques tournantes régionales du commerce et du transit, consolidant l’image du Liban comme une nation maritime respectée sur la scène internationale.