Dans une ruelle étroite de l'île de Sicile, au sud de l’Italie, au XIXe siècle, le mot « MAFIOSO » circulait parmi les habitants locaux. À cette époque, ce terme ne signifiait rien d’autre que « virilité », « fierté de soi », ou peut-être une forme de rébellion contre l’autorité.

Personne n’aurait pu imaginer que ce mot deviendrait un symbole mondial du crime organisé, semant la terreur, nourrissant romans et films, et faisant l’objet d’enseignements dans les formations de sécurité et les centres de lutte contre la criminalité.

Mais quelle est l’origine de ce mot ? Et quel est le secret de cette transformation qui en a fait un synonyme de gang, d’armes et d’éliminations physiques ?

Ce qui est frappant, c’est qu’avec le temps, le mot « mafia » est devenu tellement répandu dans la culture populaire que ses racines se sont effacées. Des interprétations symboliques ont vu le jour, souvent sans base historique :

En italien, « MAFIA » serait un acronyme de

« Morte Alla Francia Italia Anela »

soit : « Mort à la France, l’Italie en rêve », en référence à la résistance contre l’occupation française.

En anglais, on en fait parfois une blague en disant que cela signifie :

« Mobsters Against Fair Investigation Act »

soit : « Gangsters contre la loi sur l’enquête équitable », une moquerie sur leur capacité à contourner la justice.

Avec le temps, la mafia est passée de groupes protégeant leur communauté contre l'État, à des réseaux secrets menant des activités illégales : trafic de drogue, contrebande d’armes, blanchiment d’argent, le tout sous un silence complice et une loyauté de sang impitoyable.

Au XXe siècle, notamment après l’émigration de centaines de milliers d’Italiens vers l’Amérique, la mafia a trouvé un terrain fertile à New York et Chicago. Des gangs comme Cosa Nostra sont nés, illustrant une organisation hiérarchique stricte et un code de conduite implacable : silence, loyauté absolue. Là-bas, les lois étaient bafouées, les tribunaux achetés, les opposants réduits au silence ou éliminés.

Si la mafia est née en Italie, elle est aujourd’hui mondiale. On retrouve des mafias russes, japonaises, chinoises, colombiennes, et même des réseaux criminels locaux imitant son style et s’inspirant de son modèle rigide.

Mais la vraie mafia ne se soucie pas des définitions et ne se décrit pas avec des mots. C’est une entité sans nom, connue sous tous les noms, qui grandit dans l’ombre et vit du silence.

Dans le monde de la mafia, ce n’est pas la loi qui gouverne, mais la peur. Les conflits ne se règlent pas au tribunal, mais à coups de feu. C’est un État caché dans l’État, une force qui agit en coulisses, règne par la terreur et tisse ses fils dans l’ombre, où le silence est une monnaie de survie, les villes deviennent des théâtres de crimes muets, et les lois s’écrivent à l’encre du sang.