Le Liban a tourné la page des élections municipales et des mokhtars avec un succès notable, malgré quelques erreurs mineures. Certains ont revendiqué la victoire — bravo. D'autres l'ont fait sans fondement — dommage. Et pour ceux qui ont perdu, c'est la dure loi de la politique.
Alors que les résultats de ce scrutin tant attendu, organisé neuf ans après le précédent, commencent à influencer la popularité des candidats en vue des élections législatives de l'année prochaine, les conseils municipaux doivent désormais passer à l'action. Il est temps de retrousser les manches et de se concentrer sur deux objectifs principaux. Après tout, comme je l'ai déjà écrit, une municipalité est un gouvernement local où ses membres sont des ministres et son président, un Premier ministre.
Premier objectif : le développement
Malheureusement, certains partis ont dénaturé la nature de la bataille municipale en la politisant, la transformant en une compétition de slogans et d'égos — des discours sur « l'élimination », le « tsunami » et « mon père est plus fort que le tien ». Mais en tant qu'autorité locale — et en attendant l'émergence d'un plan national de développement unifié et la concrétisation d'une décentralisation administrative et fiscale élargie — les municipalités doivent soutenir les projets du gouvernement central dans leurs juridictions et en coordination avec les unions municipales.
Cela implique de promouvoir un développement urbain adéquat, de mettre fin à la construction chaotique, de réprimer les violations et de superviser fermement les chantiers, sans céder à la culture notoire des « pots de vin » (ou bakchich). Les municipalités devraient reboiser les terres arides, créer des parcs publics, stopper la dégradation environnementale causée par les carrières et les déchets, et construire des installations de tri et de recyclage pour valoriser les déchets de diverses manières. Anecdote : de nombreux maillots de football internationaux sont fabriqués à partir de déchets recyclés — certains d'entre nous paient une fortune pour un maillot portant le nom d'une star sans réaliser qu'il est fait de déchets.
Les municipalités doivent également veiller à la sécurité locale en activant la police municipale et les patrouilles nocturnes pour dissuader les vols, les agressions et les meurtres. Elles devraient paver et marquer les routes, assurer la sécurité publique, construire des trottoirs, améliorer les infrastructures, réguler l'installation de panneaux solaires, promouvoir les bibliothèques publiques et les théâtres, et organiser des événements culturels, artistiques et récréatifs pour les résidents et l'ensemble des Libanais.
Et pourquoi s'arrêter là ? Avec tant de projets prometteurs en vue, les municipalités devraient adopter la transformation numérique, automatisant toutes les tâches administratives — permis, factures, taxes et redevances. Elles devraient rechercher des partenariats de jumelage avec des municipalités prospères à l'étranger, en particulier dans les régions où vivent et prospèrent des expatriés de leurs villages ou villes — ces connexions pourraient apporter un soutien précieux.
De plus, pourquoi ne pas redonner vie aux maisons abandonnées ? Les municipalités pourraient s'associer avec les propriétaires absents ou leurs héritiers — résidents et expatriés — pour convertir ces maisons en maisons d'hôtes. Les revenus bénéficieraient à la fois aux propriétaires et à la municipalité tout en stimulant le tourisme local.
Avec un été prometteur à l'horizon, les conseils nouvellement élus devraient saisir l'occasion pour promouvoir le tourisme, en particulier dans les zones riches en sites religieux et archéologiques.
Deuxième objectif : retour des déplacés
Le deuxième objectif est politique, souverain et existentiel. Le Liban porte le poids de cette question depuis 14 ans, depuis le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011. Il s'agit de la crise des réfugiés syriens, dont le nombre au Liban approche les deux millions.
Le régime Assad est tombé — sa survie était longtemps utilisée comme excuse par les réfugiés pour éviter de retourner. Un nouveau gouvernement, soutenu par la communauté internationale et la plupart des pays arabes, est désormais en place en Syrie. La sécurité est progressivement revenue. Les États-Unis ont levé les sanctions, allégeant de nombreuses difficultés économiques, financières et sociales de la Syrie. Les Syriens peuvent désormais vivre dignement après des années de privations. Les efforts de reconstruction ont commencé — des efforts qui nécessitent le retour des Syriens, qu'ils soient travailleurs qualifiés ou ouvriers agricoles.
Les ONG internationales, qui encourageaient autrefois les réfugiés à rester au Liban grâce à une aide généreuse, réduisent désormais leur soutien, la dernière mesure étant l'arrêt des services de santé.
Alors que les gouvernements libanais successifs ont tardé à aborder sérieusement la crise des réfugiés — optant souvent pour des solutions cosmétiques ou à moitié — le gouvernement du Premier ministre Nawaf Salam doit maintenant agir rapidement pour permettre les retours. Toutes les excuses ont expiré.
Si le gouvernement central ne prend pas de mesures, les municipalités doivent prendre les devants, comme l'a fait la municipalité de Hadath, où il n'y a pas de résidents syriens permanents. Elles doivent recenser les réfugiés, vérifier leurs documents et s'assurer que personne ne réside illégalement dans leurs juridictions. Les municipalités doivent surveiller leurs mouvements, en particulier à la lumière des rapports sur des cellules dormantes de l'État islamique, et réguler leur présence. Elles doivent empêcher la propriété illégale, les entreprises non autorisées et l'emploi qui nuit aux travailleurs libanais avec une main-d'œuvre moins chère.
Des projets de loi ont été soumis au Parlement. Des mémorandums ont été envoyés aux puissances mondiales — gouvernements, parlements, conseils, fonds, agences — appelant à une réduction du fardeau démographique, économique, social et sécuritaire insupportable du Liban. Ces mesures doivent être mises en œuvre. Sinon, les municipalités devraient devenir une force de pression pour assurer leur application, pour le bien de la Syrie, mais surtout pour celui du Liban.
La Syrie va mieux maintenant. Et comme le dit le proverbe, si votre voisin va bien, vous aussi.