Le président libanais Joseph Aoun a entrepris une campagne diplomatique sans précédent à travers le monde arabe, visitant l'Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, le Koweït et l'Égypte. Chaque étape a été soigneusement calibrée pour restaurer la position du Liban, sécuriser un soutien économique et, surtout, pour construire un consensus régional autour de la nécessité de rétablir la souveraineté de l'État libanais, en particulier concernant le désarmement de tous les acteurs non étatiques, y compris le « Hezbollah. »

Depuis sa prise de fonction en janvier 2025, les visites de Aoun marquent une rupture claire avec des années d'isolement libanais et de relations tendues avec les pays du Golfe et le monde arabe au sens large.

Aoun a réussi à restaurer les liens bilatéraux avec l'Arabie saoudite après des années de tensions. Cette visite a ravivé l'espoir d’une reprise économique et d'une stabilité politique au Liban, alors que le pays traverse une crise financière persistante. Aoun a signé 22 accords couvrant le commerce, l'agriculture, les transports, la finance, l'éducation, les échanges culturels, la défense et la lutte contre le terrorisme. Le soutien saoudien est considéré comme essentiel pour débloquer des investissements et reconstruire l'économie libanaise fragilisée.

Au Qatar, Aoun a obtenu un appui pour la reconstruction post-conflit du Liban et a souligné l'importance de renforcer les institutions étatiques. Le rôle du Qatar en tant que médiateur régional et partenaire économique renforce les efforts du Liban pour retrouver la stabilité et attirer l’aide et les investissements internationaux.

La visite aux Émirats arabes unis a été marquée par la levée d'une interdiction de voyage imposée après l’implication du « Hezbollah » dans des conflits régionaux. Les deux pays ont convenu de créer un conseil d'affaires bilatéral pour explorer les opportunités d'investissement. Le Fonds d'Abu Dhabi pour le développement prévoit d’évaluer des projets communs, et le Bureau d'échange des connaissances des Émirats a proposé un soutien aux réformes gouvernementales libanaises.

Le Koweït, qui préside actuellement le Conseil de coopération du Golfe, a accueilli Aoun en insistant sur les relations fraternelles historiques. La visite visait à reconstruire la confiance après des années de tensions diplomatiques. La forte présence de la diaspora libanaise au Koweït a également été mise en avant comme un pont pour un engagement renouvelé. Les discussions ont porté sur le renforcement des accords bilatéraux et une action arabe commune face aux défis régionaux.

Enfin, en Égypte, Aoun a discuté avec le président Abdel Fattah al-Sissi de la coopération militaire et économique. Le soutien de l'Égypte au renforcement de l’armée libanaise et sa volonté d’aider à la reconstruction et aux projets énergétiques font de Le Caire un partenaire vital pour la stabilisation du Liban.

Le premier résultat de ces visites a été la restauration de la confiance et du soutien arabes, le retour du Liban dans le giron arabe après des années d'isolement diplomatique causé par l’influence du « Hezbollah. » Les États arabes ont exprimé leur volonté de soutenir la souveraineté, la stabilité et la reprise économique du Liban, sous condition de son engagement envers les réformes et le désarmement.

Aoun a constamment réaffirmé l’engagement du Liban à monopoliser les armes et à placer toutes les milices sous le contrôle de l'État, y compris les factions palestiniennes et le « Hezbollah. » Tout en reconnaissant les défis à venir, il a insisté sur le dialogue et la coopération avec les partenaires régionaux, y compris le président de l’Autorité palestinienne, dont la visite à Beyrouth a suivi de près la tournée diplomatique d’Aoun.

Ces visites ont ouvert la voie à de nouveaux investissements, accords commerciaux et aides au développement visant à répondre aux besoins critiques d'infrastructure du Liban, tels que l'énergie, les ports et les aéroports. Les pays arabes ont manifesté leur volonté de participer à la reconstruction du Liban, dépassant l’aide humanitaire pour s’engager dans des partenariats économiques durables.

Parallèlement à ces initiatives régionales, la visite sans précédent du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Beyrouth a marqué un tournant. Abbas et Aoun ont conjointement déclaré que l'ère des armes hors du contrôle de l'État libanais devait prendre fin, les factions de l'OLP s'engageant à ne pas utiliser le Liban comme base d'attaques. D'autres factions ont accepté, en principe, le désarmement sous autorité libanaise, tout en demandant à être incluses dans la coordination bilatérale. Ce geste constitue un test crucial : si l'État parvient à contrôler les armes palestiniennes, cela créera un précédent et renforcera la légitimité pour affronter la tâche bien plus difficile que représente le « Hezbollah. »

Par ailleurs, la représentante adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a présenté un « grand plan » pour la reprise économique du Liban, conditionné par des réformes économiques et financières.

Sur la base de tout cela, beaucoup voient l’année 2026 comme le début du retour du Liban dans la communauté internationale.