Parmi les candidats potentiels au trône de Saint Pierre, le nom du cardinal Robert Prevost, 69 ans, revient de plus en plus souvent. Américain d’origine, discret dans les médias mais occupant un poste central au Vatican, il incarne un profil de compromis que plusieurs cardinaux pourraient envisager si l’élection du prochain pape devait s’enliser.

Un parcours international et ecclésial riche

Né le 14 septembre 1955 à Chicago, Robert Prevost est le fils d’un père français et d’une mère italienne. Il commence par des études de mathématiques, mais entre rapidement dans l’ordre de Saint-Augustin, où il est ordonné prêtre en 1982.

Son ordre l’envoie rapidement au Pérou, où il travaille en mission. Il revient ensuite brièvement à Chicago pour obtenir un doctorat en droit canonique, avant de repartir pour une décennie au Pérou, où il dirige un séminaire de formation des prêtres. Cette immersion en Amérique latine marquera durablement sa vision pastorale.

En 2001, il est élu prieur général de l’ordre des Augustins, une fonction qu’il occupera pendant 12 ans, jusqu’en 2013. L’année suivante, le pape François le nomme évêque de Chiclayo, au nord du Pérou. Il y reste jusqu’en 2023, tout en étant membre de la conférence épiscopale du pays.

Un poste clé à Rome

En janvier 2023, le pape François le rappelle à Rome pour lui confier la direction du Dicastère pour les évêques (anciennement Congrégation pour les évêques), l’un des organes les plus puissants de la Curie romaine. Cette institution est chargée de proposer les nominations épiscopales dans de nombreuses régions du monde.

Peu après, il est créé cardinal, ce qui le rend éligible au conclave. Bien que récent dans le collège cardinalice, sa position stratégique lui donne une grande visibilité auprès de ses pairs.

Un style sobre et rassembleur

Le cardinal Prevost se distingue par son profil peu clivant, sa grande capacité d’écoute, son sens du dialogue interculturel et son expérience globale. Il parle cinq langues : anglais, espagnol, français, italien et portugais. Son approche est perçue comme fidèle à celle du pape François, notamment sur la réforme de la Curie, la gouvernance collégiale, et l’attachement à une Église plus simple et moins centrée sur le pouvoir.

Il a affirmé, par exemple :

« L’évêque n’est pas censé être un petit prince trônant dans son royaume. »

« Il faut prêcher l’Évangile partout, même si les contextes culturels et les priorités varient d’un pays à l’autre. »

Points forts:

Expérience internationale (Europe, Amérique latine, Curie romaine)

Compétence administrative et juridique

Fidélité à la vision du pape François

Capacité à créer le consensus

Polyglotte et culturellement adaptable

Points faibles:

Récente création comme cardinal (2023)

Personnalité jugée peu charismatique

Nationalité américaine, ce qui peut déplaire à certains cardinaux en raison de l’influence perçue des États-Unis dans l’Église

Controverse récente : des accusations ont ressurgi selon lesquelles, alors qu’il était évêque de Chiclayo, il aurait tenté d’étouffer des cas de violences sexuelles commises par des prêtres. Bien que non jugé ou condamné, cet épisode pourrait peser lourd dans un conclave.

Un candidat de compromis ?

Robert Prevost n’est sans doute pas un favori évident, mais son profil pourrait séduire en cas de blocage entre camps opposés au sein du conclave. Il incarne une certaine continuité avec le pontificat de François, tout en présentant un visage nouveau, moins exposé que d’autres. S’il ne fait pas partie des premiers choix, il pourrait devenir une solution d’équilibre, à la croisée des cultures et des tendances.