Matteo Zuppi, 69 ans, archevêque de Bologne, est considéré comme l’un des principaux papabili (candidats potentiels à la papauté). Il est souvent vu comme une version plus progressiste, mais plus affable, du pape François, avec lequel il partage de nombreuses orientations, notamment une Église tournée vers la miséricorde, les marges et le dialogue interreligieux.
Origines et formation
Né à Rome en 1955 dans une famille très liée à l'Église (père journaliste au L’Osservatore Romano, mère nièce d’un cardinal influent).
Se lie au fondateur de la communauté Sant’Egidio, Andrea Riccardi, durant sa jeunesse au lycée.
Sant’Egidio, connue pour ses actions humanitaires et diplomatiques, est un pilier du catholicisme de gauche et un soutien du pape François.
Parcours ecclésiastique
Ordonné prêtre en 1981 ; devient vicaire à Santa Maria in Trastevere (Rome).
Joue un rôle clé dans la médiation qui met fin à la guerre civile au Mozambique (1992).
Évêque auxiliaire de Rome en 2012 (nommé par Benoît XVI), puis archevêque de Bologne en 2015 (par François).
Créé cardinal en 2019, il devient président de la Conférence épiscopale italienne en 2022.
Envoyé spécial du pape pour des missions diplomatiques, notamment en Ukraine.
Vision et engagement
Fortement marqué par le concile Vatican II, il prône une Église à l’écoute du monde.
Très actif sur les questions migratoires, opposé à Matteo Salvini (Ligue), favorable à l’accueil des migrants.
Soutient le dialogue interreligieux, notamment avec l’islam (a défendu l’idée d’introduire des fêtes musulmanes à l’école).
En matière de sexualité et d’inclusivité, il soutient des positions ouvertes : favorable à la bénédiction des couples homosexuels dans une logique de miséricorde, tout en restant attaché à la doctrine sur le mariage.
Style personnel et perception
Pasteur de terrain, modeste, proche des gens (connue pour circuler à vélo).
Il a l’image d’un diplomate habile, même s’il ne parle que l’italien.
Qualifié par ses adversaires comme le « chapelain de la gauche italienne », il reste respectueux des traditionalistes.
Forces
Diplomatie, écoute, simplicité et cohérence avec le style de François.
Profil rassurant dans la continuité, sans le côté abrupt du pape actuel.
Faiblesses
Son progressisme pourrait heurter l’aile conservatrice de l’Église.
Sa proximité avec la communauté Sant’Egidio, influente et parfois perçue comme une Église parallèle, suscite des réticences : « Élire Zuppi, c’est faire Riccardi pape », selon une expression romaine.
Citations représentatives
Sur la foi : « La foi t’aide à aimer vraiment [...] à ne pas faire de catégories dans l’amour. »
Sur Fiducia Supplicans : « L’Église doit s’intéresser à chacun, sans remettre en question le mariage sacramentel. »