Le Président LR du Département de la Haute-Marne et Président du Groupe Droite, Centre et Indépendant de l’Assemblée des Départements de France Nicolas Lacroix fustige les départements de gauche qui ne souhaitent pas appliquer le texte de loi immigration. Tribune.

Valeurs Actuelles

La loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » n’est pas encore promulguée, ni même validée par le Conseil constitutionnel, que certains départements appellent à la résistance contre ce texte qui serait « un recul pour l’égalité ». Drapés dans une humanité qui ne saurait être partagée par d’autres, les Présidents des Départements du Groupe de Gauche agiraient ainsi pour l’honneur de la France des Lumières.

Le coup médiatique passé, de quoi parle-t-on ? Il s’agit d’une loi, particulièrement attendue par des Français lassés par la géométrie variable de la solidarité nationale. Ils exigent, à juste titre, que le versement des aides soient conditionnées au respect de règles. Ce sont ces principes qui guident les Départements dans la chasse aux fraudeurs ; ce sont toujours ceux-ci qui ont motivé le législateur à proposer une différenciation basée sur le temps passé légalement sur le territoire français.

Une levée de boucliers des départements de gauche…

Ce texte est le fruit de plusieurs mois d’échanges et ce sont finalement les propositions des Républicains qui ont permis d’aboutir à un accord dont nous devons collectivement être fiers. Il démontre une forme de maturité parlementaire qu’on pensait inatteignable il y a encore peu de temps. Mais encore faut-il ne pas fuir le débat comme l’ont fait les députés issus de l’alliance NUPES ou ne rien n’y apporter comme les parlementaires du Rassemblement National. Il est quand même paradoxal que ce soit ceux qui critiquent le plus ce texte ou s’en font les instigateurs qui ont le moins participé à sa rédaction, je dirais même sa réflexion.

Revenons à ce qui suscite l’ire de certains Présidents de Département : la restriction à l’accès des étrangers à certaines prestations comme l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Pour être clair : il faut désormais résider en France depuis au moins cinq ans ou, si la personne travaille depuis deux ans et demi, pour accéder à cette aide destinée aux personnes âgées. Ces Présidents refusent l’application du volet de la loi. Mais soyons précis : ils prévoient en réalité de créer une prestation de « sur-solidarité » à l’attention des étrangers régulièrement sur le territoire.

…qui suscitent des interrogations

Concrètement, il s’agit de créer une aide spéciale. Cette « générosité » m’inspirent quatre interrogations auxquelles il convient de répondre :

La première sur l’identification des personnes concernées : comment créer un droit pour des étrangers dont on ne peut reconnaitre l’existence sauf à tenir des statistiques sur l’origine des bénéficiaires ?

Le deuxième à propos de la revendication du caractère « universel » de la solidarité  qu’ils prétendent mettre en œuvre. Cette universalité souhaitée impliquerait-elle d’intégrer les étrangers en situation irrégulière ?

Le troisième concerne la légitimité à prendre une telle décision alors même que plus de 70 % des Français approuvent les mesures de la loi adoptée. Ces Présidents sont-ils prêts à revenir devant les urnes pour assumer leur choix ? J’en doute…

Enfin, la quatrième renvoie aux moyens des Départements. Nous sommes tous face à l’explosion de nos dépenses de fonctionnement, décidées unilatéralement par l’Etat et nombre d’entre nous ont reporté le vote de leur budget à la recherche d’économie pour mettre en œuvre nos compétences obligatoires.

Comment défendre auprès du Gouvernement que notre mauvaise santé financière est due à une compensation largement insatisfaisante de nos missions en se lançant « en même
temps » dans une nouvelle politique facultative ?

La France et les Français sont un peuple et un pays parmi les plus généreux du monde : ils ne méritent pas d’être voués aux gémonies par des mouvements politiques en mal de publicité et prêts à faire payer leur « humanité » par d’autres.