Jeudi soir, à l’Élysée, le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie au premier jour de la fête juive des lumières. La classe politique se montre scandalisée, y voyant une atteinte à la laïcité. L’Élysée a assuré qu’il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse.

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Les images tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Dans la soirée du jeudi 7 décembre, Emmanuel Macron a reçu le prix Lord Jacobovits dans la salle des fêtes de l’Élysée. Cette récompense est attribuée à certains dirigeants, comme Angela Merkel en 2013 ou le roi Felipe en 2016, pour leur lutte contre l’antisémitisme et pour leur défense de la liberté de pratiquer la religion juive. Lors de cette cérémonie, le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie pour marquer le premier jour de la fête juive Hanouka. Cette séquence filmée a rapidement créé la polémique. Des personnalités politiques ont dénoncé une atteinte à la laïcité de la part du président de la République.

Une « faute politique », « spirale dangereuse »…

Pour le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard, Emmanuel Macron a commis « une faute politique impardonnable » : « Samedi, nous célébrerons la date anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’Etat. Ce soir, Macron la foule au pied en organisant une cérémonie religieuse à l’Élysée », a-t-il écrit sur le réseau social X. Son collègue, le député insoumis Alexis Corbière, a de son côté évoqué une « spirale dangereuse » et une « laïcité à géométrie variable ». « Macron va-t-il faire de même pour tous les autres cultes ? Certains oui, d’autres non ? » La sénatrice socialiste, Laurence Rossignol, a qualifié le chef de l’Etat de « gamin de 10 ans avec une panoplie du petit chimiste, mais de la vraie nitroglycérine et des vraies allumettes ».


À droite, Laurent Jacobelli du Rassemblement national (RN) et David Lisnard ont rappelé l’absence d’Emmanuel Macron à la marche contre l’antisémitisme le 12 novembre dernier. « Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ? À ma connaissance, c’est une première », a pointé sur X le maire de Cannes. Pour Laurent Jacobelli, sur BFMTV, Emmanuel Macron a « envoyé un signe trouble à nos compatriotes de confession juive » en ne participant pas à la marche.

L’Élysée a répondu aux critiques en assurant qu’il ne s’agissait pas d’une cérémonie religieuse. « Nous n’avons pas organisé une cérémonie de Hanouka. Le contexte est très important », a rappelé l’entourage du Président, comme le relaie BFMTV ce vendredi 8 décembre. En plein déplacement à Mayotte, Élisabeth Borne a elle aussi volé au secours d’Emmanuel Macron. La Première ministre a indiqué que cela était « un signal » de soutien à la communauté juive dans une période de « montée de l’antisémitisme qu’on ne peut pas laisser passer ».