La mise à l'arrêt temporaire actuelle du gouvernement américain depuis le début de ce mois, ne montre aucun signe de retour à la normale. Ayant entamé sa troisième semaine, cette suspension de l’activité gouvernementale vient exposer une profonde crise politique et économique ancrée dans les divisions partisanes historiques aux États-Unis.
Contexte historique
Les mises à l'arrêt du gouvernement aux États-Unis sont devenues une caractéristique récurrente, bien que controversée, des impasses budgétaires au Congrès lorsque les projets de loi du crédit ne sont pas adoptés à temps. Depuis la codification du processus budgétaire moderne dans les années 1970, les suspensions ont généralement été de courte durée, avec la plus longue avant 2025, celle de 35 jours fin 2018 début 2019 ayant eu lieu durant le premier mandat du président Trump. La mise à l'arrêt actuelle est la 11e dans l'histoire moderne des États-Unis et la troisième sous l'administration du président Trump. Le déclencheur central réside dans les disputes sur le financement de la santé, particulièrement la prolongation des subventions de l'Affordable Care Act [connu sous le nom d'Obama Care] et des programmes Medicaid, que les démocrates soutiennent farouchement et que les républicains cherchent à réduire. L'échec du Congrès, et en particulier celui du Sénat, (où une super majorité de 60 voix est requise, pour faire avancer les projets de loi du crédit), à parvenir à un accord en temps voulu, souligne une paralysie législative persistante.
Contexte politique
La mise à l'arrêt révèle un ancrage partisan profond à Washington. Le président Trump et les républicains du Congrès, menés par le président de la Chambre des représentants Mike Johnson, ont adopté une position intransigeante, refusant de négocier sur le financement de la santé jusqu'à ce que les démocrates abandonnent leurs demandes de prolongation des subventions et de la couverture Medicaid. Les démocrates insistent pour que le gouvernement reprenne son activité, exigeant la préservation de ces réseaux de sécurité sociale. Cette impasse révèle une bataille idéologique significative sur le rôle futur des programmes du gouvernement fédéral en matière de santé et d'aide sociale.
Pour les républicains, la fermeture est à la fois un risque et un pari politique calculé. C'est un moyen de faire avancer un programme visant à réduire les dépenses gouvernementales consacrées aux programmes sociaux et à remodeler le budget fédéral conformément aux priorités conservatrices. Cependant, elle comporte également des risques électoraux alors que l'attention du public se concentre sur les difficultés économiques subies par les travailleurs fédéraux et les citoyens touchés par les réductions des services gouvernementaux. Certains dirigeants républicains s'inquiètent d'un contrecoup avant les prochaines élections de mi-mandat et locales, car les fermetures prolongées ont historiquement érodé le soutien des électeurs au parti perçu comme entravant le fonctionnement du gouvernement.
Les démocrates, pour mobiliser leur base, d'autre part, sont politiquement conditionnés pour décrire la mise en arrêt, comme une crise née de l'intransigeance républicaine. Ils utilisent la suspension de l’activité du gouvernement pointer du doigt les questions d'inégalité économique et de protection des programmes de santé essentiels. Il reste néanmoins le risque que ces arrêts prolongés ne finissent par mettre la patience du public à l'épreuve et frustrent les électeurs, surtout si les démocrates sont perçus comme incapables de négocier une solution ou si les perturbations de la vie quotidienne deviennent sévères. Les dirigeants démocrates sont sous pression pour maintenir la solidarité sur les demandes en matière de santé tout en équilibrant le besoin d'être perçus comme des acteurs de gouvernance responsables.
La suspension amplifie ainsi la polarisation partisane, réduisant les incitations au compromis bipartite et érodant davantage la confiance politique à travers l'électorat. Elle intensifie les débats intra-partis au sein des deux partis, entre les partisans de la ligne dure désireux de maintenir des positions politiques maximalistes et les modérés prônant des solutions pragmatiques pour remettre le gouvernement à l'action.
Impact économique
À court terme, la mise à l'arrêt a entraîné des mises en congé forcé et des licenciements de plus de 600 000 travailleurs fédéraux, y compris du personnel essentiel dans les services de santé, de l'agriculture et des anciens combattants. De nombreux bureaux et programmes gouvernementaux fonctionnent avec un pouvoir limité ou sont entièrement fermés, perturbant les services publics. Le secteur privé, en particulier les sous-traitants et les entreprises dépendantes des financements gouvernementaux, subit également l'incertitude et les tensions économiques.
Les effets économiques à moyen terme incluent, semble-t-il, une baisse du moral des employés de la fonction publique fédérale et leur fidélité, ainsi que des retards dans les investissements liés au gouvernement , l'exécution des programmes sociaux, et un affaiblissement de la confiance des consommateurs et des entreprises. La suspension commence aussi à peser sur la croissance du PIB, augmentant le risque d'un ralentissement de l'expansion économique ou d'une récession si l'impasse se prolonge.
À long terme, ces fréquentes mises à l'arrêt du gouvernement menacent la crédibilité fiscale des États-Unis, affectant les marchés et la confiance des investisseurs au niveau national et mondial. Elles sapent la capacité du gouvernement fédéral à mettre en œuvre efficacement les politiques, à gérer les crises et assurer des opérations stables. Les crises budgétaires répétées peuvent décourager l'investissement, compliquer la planification économique et attiser les tensions sociales liées au dysfonctionnement du gouvernement.
Cette suspension actuelle du gouvernement va au-delà d'une simple impasse budgétaire ; c'est une manifestation flagrante d'une polarisation politique ancrée qui menace à la fois le fonctionnement efficace de la gouvernance américaine et la stabilité économique. Ses conséquences sont multiples — perturbant les services publics essentiels et l'emploi fédéral, ébranlant la confiance économique et approfondissant les divisions partisanes. Pour les républicains, elle représente un pari à haut risque pour remodeler les priorités fédérales face à une frustration publique grandissante, tandis que les démocrates exploitent la crise pour défendre les acquis de la protection sociale mais risquent la lassitude politique.
À moins qu'un compromis bipartite durable ne soit atteint rapidement, les coûts sociaux, économiques et politiques de cette paralysie continueront d'augmenter, présentant des défis profonds pour l'administration du président Trump et le Congrès pour rétablir la fonctionnalité du gouvernement et la confiance du public.
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