Un formulaire d’inscription émis par le ministère libanais de l'Éducation a provoqué une vive polémique au sein de l'opinion publique et du Parlement après l'ajout d’une troisième option de sexe, en plus des choix traditionnels « homme » et « femme ». Cette nouvelle case permettait aux élèves de ne pas préciser leur sexe— suscitant une réaction immédiate de la part de députés conservateurs et de certains pans de la société libanaise.
La première réaction politique est venue du député Edgar Traboulsi, membre de la commission parlementaire de l'Éducation et de la Culture, qui a fermement dénoncé l’initiative. Interrogé par Al Safa News, Traboulsi a qualifié cette démarche de « violation de l’ordre naturel et moral », estimant qu’elle menaçait les fondements mêmes de la société libanaise.
La ministre assume la responsabilité
Selon Traboulsi, la ministre actuelle de l’Éducation, Rima Karami, a reconnu être à l’origine de ce formulaire lors d’un échange récent. Bien qu’elle ait confirmé son retrait immédiat après les objections soulevées, le député a insisté sur le fait que le problème dépassait ce simple document et traduisait une tentative plus large d’introduire des concepts controversés dans le système éducatif.
« Il ne s’agit pas simplement d’un avis personnel », a déclaré Traboulsi. « C’est une position exprimée au nom du peuple libanais tout entier — des familles de toutes confessions — qui défendent les valeurs morales et culturelles sur lesquelles repose notre société. » Il a appelé à une position ferme pour empêcher que de telles tentatives ne se répètent à l’avenir, que ce soit à travers les programmes scolaires, les activités estivales ou les formations éducatives.
En défense de la « loi naturelle »
Le député a poursuivi en affirmant que l’introduction de notions telles que le « troisième genre » ou « je préfère ne pas répondre » dans les documents éducatifs revenait à promouvoir une idéologie du genre contraire à l’identité religieuse et culturelle du Liban. Il a ancré sa position à la fois dans des arguments religieux et philosophiques, appelant à protéger le tissu moral et culturel transmis aux futures générations.
« L’éducation n’est pas un laboratoire idéologique »
« Ce n’est pas un simple détail administratif », a averti Traboulsi. « C’est un signal d’alarme sur une tentative d’infiltrer des idéologies importées au cœur même de notre système éducatif. » Il a souligné que l’école ne devait pas devenir un terrain d’expérimentation pour des idées étrangères aux valeurs établies du pays. Fort du soutien d’une large partie de la société libanaise, il espère que cet épisode servira d’alerte pour empêcher toute initiative similaire à l’avenir, quelle qu’en soit la forme.
Al Safa News a tenté de contacter la ministre Karami pour obtenir des précisions sur les intentions derrière ce questionnaire, sans obtenir de réponse.
Ce débat relance la réflexion sur le rôle des institutions éducatives face aux questions de genre et d’identité. Les partisans du formulaire y voient un pas vers une reconnaissance des principes universels de diversité et de liberté individuelle. Les détracteurs, eux, y perçoivent une menace pour les fondements éthiques et culturels du pays.
Dans ce climat polarisé, nombreux sont ceux qui appellent à un dialogue national calme et inclusif afin de déterminer la manière d’aborder ces sujets sensibles dans le cadre scolaire. Un débat qui tient compte à la fois de la diversité religieuse et culturelle du Liban, tout en étant à l’écoute des évolutions mondiales en matière de droits humains. Trouver cet équilibre fragile exigera une coopération sincère entre l’État, la société civile, les institutions éducatives et religieuses — sans exclusion ni affrontement.