La récente montée des tensions entre l’Inde et le Pakistan ne constitue pas un épisode isolé, mais plutôt l’expression d’un conflit latent, prêt à s’embraser à la moindre étincelle. Cette crise plonge ses racines dans l’histoire mouvementée des deux nations et est alimentée par des facteurs sociaux, politiques et religieux, sur fond de différend territorial majeur autour des régions du Jammu-et-Cachemire.
Tandis que l’Inde considère le Jammu-et-Cachemire comme une partie intégrante de son territoire, le Pakistan invoque le droit à l’autodétermination de la population cachemirie et accuse New Delhi de violations des droits humains. Islamabad réclame une médiation internationale, notamment par les Nations unies, pour résoudre le conflit, tandis que l’Inde privilégie des négociations bilatérales, que le Pakistan continue de rejeter.
Sur le terrain, la région du Cachemire reste profondément divisée. Une partie de la population aspire à rejoindre le Pakistan, une autre réclame l’indépendance ou, à défaut, une autonomie sous souveraineté indienne. Coincés entre les milices armées et les forces régulières, les habitants vivent au quotidien une situation économique et sécuritaire catastrophique.
Les perspectives de règlement
En l’absence de médiation en cours, un règlement du conflit semble peu réaliste. Un dialogue — direct ou via une tierce partie — reste indispensable. Mais cette perspective ne paraît envisageable qu’à long terme.
À plus court terme, des efforts diplomatiques pourraient contribuer à désamorcer les tensions et permettre aux deux parties de reconsidérer leurs positions, voire d’ouvrir la voie à une forme de consultation populaire au Cachemire pour choisir son système de gouvernance.
Les principaux obstacles résident dans le nationalisme exacerbé du côté indien, qui refuse toute concession sur la souveraineté du Cachemire, et dans le refus de laisser les Cachemiris décider librement de leur avenir. Le Pakistan, pour sa part, soutient l’idée d’une autodétermination fondée sur l’histoire partagée du territoire avec l’Inde, issue de la partition de 1947.
La division même de la population cachemirie, incapable d’adopter une vision commune de son futur, complique davantage tout processus de résolution.
En revanche, plusieurs facteurs peuvent inciter à un dénouement pacifique. L’urgence économique à laquelle font face les deux pays — chômage, inflation, corruption et mauvaise gestion des ressources — exerce une pression croissante sur leurs gouvernements. Les jeunes générations, de plus en plus mobilisées, appellent à une politique tournée vers la prospérité, la coopération, et un abandon du nationalisme rigide au profit d’une approche moderne et ouverte de la paix.
Certains pays proches des deux parties avaient tenté, dès 2021, de relancer les échanges, notamment commerciaux, pour encourager une détente bénéfique aux deux économies. Les États-Unis, la Chine et plusieurs États du Golfe poursuivent leurs efforts pour éviter l’escalade.
Enfin, un élément crucial contribue à contenir le conflit dans ses limites actuelles : la dissuasion nucléaire. Jusqu’à présent, seules des armes conventionnelles ont été utilisées, avec des systèmes de défense aériens en alerte permanente de part et d’autre, dans une démonstration de force continue.
Malgré les tensions quotidiennes, les deux puissances semblent pour l’instant décidées à éviter une confrontation directe à grande échelle.