Lorsque la confiance se perd ou vacille entre deux individus, deux régions, deux partis ou deux confessions au Liban, la restaurer et la raviver nécessite des efforts concertés, plusieurs étapes successives, et des procédures éprouvées garantissant crédibilité et continuité.

C’est précisément le cas aujourd’hui s’agissant du rétablissement de la confiance entre les États arabes – en particulier les pays du Golfe – et le Liban, après des années d’érosion de la confiance dans les autorités libanaises. Cette érosion remonte au moins à l’après-guerre de juillet 2006, ainsi qu’à la prise de contrôle armée de Beyrouth et de certaines zones du Mont-Liban par le Hezbollah et ses alliés en 2008. Hier marquait le 17e anniversaire de cette incursion, qui a brisé la confiance entre les Libanais eux-mêmes et gravement détérioré les relations du Liban avec le monde arabe et la communauté internationale.

Ce lourd héritage de suspicion, de doute et d’éloignement doit être affronté et surmonté par une rupture décisive avec le passé. Cela suppose l’abandon de l’approche précédente consistant à se résigner au statu quo et à céder l’autorité souveraine de l’État, soit sous prétexte de faiblesse, soit au nom d’une conception obsolète de la « gestion des différends » avec des groupes armés.

Il ne fait guère de doute que le « nouvel État libanais » envisagé, sous la direction du président Joseph Aoun et du Premier ministre Nawaf Salam, dispose de la volonté et de la détermination nécessaires pour aller au-delà de cette période de prudence arabe et internationale. Des mesures concrètes ont déjà été prises pour regagner la confiance perdue, depuis l’aéroport de Beyrouth et ses accès jusqu’à l’amélioration des protocoles d’accueil, la sécurisation des sites touristiques et l’optimisation de l’hébergement. Les ambassadeurs du Golfe ont été informés des mesures sécuritaires, administratives et logistiques déjà appliquées.

En outre, le Président a pris l’initiative de rétablir la confiance auprès de ces pays. Il a déjà visité l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Égypte, et se rendra bientôt au Koweït. Ces visites sont accompagnées de la promesse que les incidents passés – comme l’affaire de la « cellule d’Abdali » au Koweït, le soutien implicite du Liban à la guerre des Houthis contre l’Arabie saoudite, ou encore les insultes, accusations et menaces contre des dirigeants arabes – ne se reproduiront plus.

La pierre angulaire des mesures de rétablissement de la confiance réside dans leur durabilité et leur cohérence. La confiance ne doit pas être exposée aux sautes d’humeur de détenteurs d’armes illégales, à la haine confessionnelle ou politique, ni à des incidents sécuritaires incontrôlés – tels que les deux récents tirs de roquettes au nord du Litani – ou encore à une nouvelle glorification de la violence et à la sacralisation des armes.

La remise récente par le Hamas de certains individus recherchés s’inscrit dans l’effort de l’État pour réaffirmer sa souveraineté. Cette étape devrait être suivie d’un contrôle des armes dans les camps de réfugiés palestiniens, notamment à l’occasion de la visite prévue du président Mahmoud Abbas à Beyrouth le 21 du mois en cours.

D’un point de vue sécuritaire et souverain, le désarmement des factions palestiniennes est indissociable du traitement d’autres armes illégales, en particulier celles du Hezbollah. Ces deux éléments relèvent de la même logique : celle de « l’Axe de la résistance » et du slogan creux de « l’unité des fronts ». Bien que le démantèlement de l’arsenal du Hezbollah prenne plus de temps et implique des arrangements complexes, notamment en raison de ses liens directs avec Téhéran et de l’évolution des négociations irano-américaines, cela demeure un objectif crucial.

Si l’évolution de la situation au Yémen peut servir de repère pour la stratégie régionale de l’Iran, alors la disposition de Téhéran à se détacher de ses forces par procuration n’est plus pure spéculation. Ces derniers jours, les Houthis à Sanaa – affaiblis par des frappes intenses – ont commencé à chercher une médiation américaine à la demande de Téhéran (dans une tentative de calmer Washington et d’obtenir des concessions). Bien que l’ancien président Trump ait qualifié cela de capitulation, les Houthis poursuivent leurs attaques contre Israël, s’accrochant à l’illusion vaine de distinguer leur cause de celle de leur parrain iranien.

Ce détour par l’impasse houthie est directement lié au sort de l’arsenal du Hezbollah, qui semble destiné à suivre la même trajectoire. L’Iran a déjà entamé des concessions dans ses négociations, contrairement à ce que prétendent ses alliés au Liban qui affirment que les discussions ne portent que sur le nucléaire, sans lien avec l’influence régionale ou le programme balistique de Téhéran.

Il n’est pas exagéré d’affirmer que le rétablissement complet et durable de la confiance arabe et internationale envers le Liban est inextricablement lié au sort des armes du Hezbollah. Si les touristes du Golfe reviennent cet été pour tester l’efficacité des mesures étatiques, le tourisme arabe durable – et une véritable confiance pérenne – nécessitent une élimination définitive des sources de peur et d’instabilité.

Au-delà du tourisme et de ses revenus saisonniers, se pose la question essentielle de l’aide financière, cruciale pour relancer les institutions, mettre en œuvre des réformes et reconstruire le pays. Une telle aide est conditionnée à la libération totale de l’État des pressions exercées par les armes illégales et du prétexte dépassé d’avoir besoin d’une « force de résistance » pour dissuader Israël.

La stabilité réelle et durable du Liban repose sur la capacité de l’État à affirmer pleinement son autorité légitime et à l’appliquer sur l’ensemble de son territoire et de ses composantes, conformément au principe fondamental du monopole étatique de la force armée. Cela doit devenir une réalité concrète, palpable – et non plus un simple slogan dans les discours ou les textes juridiques – afin que la Nation du Cèdre puisse renouer avec son appartenance sincère à la légitimité arabe et internationale, et ouvrir à nouveau une voie vers une vie nationale digne.