Il y a deux jours, le président américain Donald Trump a promis au public « de très bonnes nouvelles concernant le Moyen-Orient, bientôt ». Sans en révéler la nature, ses propos ont rapidement été associés aux négociations en cours sur le programme nucléaire iranien. Un lien logique, car Trump privilégie systématiquement les intérêts des États-Unis. Fier de ce qu’il décrit comme « l’âge d’or de l’Amérique », il affirme : « Nous avons accompli en 100 jours ce qui n’a pas été fait en 100 ans ».
Trump accorde une grande importance à l’économie, un facteur clé dans la réussite des pourparlers avec l’Iran. Ce pays, longtemps entravé par les sanctions, pourrait devenir un pôle majeur d’investissement étranger une fois les restrictions levées, en raison de son fort potentiel économique.
Les négociations entre les États-Unis et l’Iran avancent à un rythme jugé « très bon ». Toutefois, Téhéran reste prudent. Forts de leur expérience, les responsables iraniens évitent aussi bien l’optimisme excessif que le pessimisme, préférant un « optimisme mesuré » dicté par la personnalité imprévisible de Trump et ses priorités changeantes.
Des dossiers étroitement liés
Selon Téhéran, des progrès sont réalisés sur le dossier nucléaire. Mais les répercussions vont bien au-delà de l’enrichissement d’uranium. L’issue des négociations pourrait redéfinir plusieurs questions régionales, notamment la stabilité du Liban et l’avenir du rôle militaire et politique du Hezbollah. L’Iran reste sur ses gardes, conscient que les revirements soudains de Trump pourraient compromettre tout progrès. Alors que les négociations se poursuivent, Téhéran se prépare à d’éventuels scénarios politiques et militaires.
Officiellement, l’Iran dissocie la question de l’armement du Hezbollah de celle du nucléaire, mais dans les faits, les deux sont intimement liés. Des sources politiques confirment que la réussite des pourparlers pourrait affecter la position du Hezbollah au Liban et le sort de son arsenal. Le mouvement a récemment montré une certaine ouverture au dialogue sur les armes, mais il est peu probable qu’il accepte de se retirer au nord du fleuve Litani, vu les menaces qu’il perçoit au nord, à l’est et au sud, surtout après des événements comme le massacre des Druzes.
Néanmoins, le Hezbollah semble réajuster sa stratégie. À la suite d’une réévaluation interne, le mouvement a décidé d’atténuer sa rhétorique sur les armes et de miser sur les résultats potentiels des négociations irano-américaines. Il a adouci son discours envers les États-Unis, espérant qu’un accord favorable conduise à un règlement régional qui renforcerait sa position au Liban.
Pour Washington, la priorité reste la sécurité d’Israël. Les États-Unis veulent s’assurer que les armes du Hezbollah ne seront pas utilisées contre l’État hébreu, une question qui sera abordée ultérieurement. Pour l’heure, le Hezbollah ne semble pas vouloir ouvrir un nouveau front, ni sur le plan intérieur ni au niveau régional. Mais si Israël refuse de se retirer du Sud-Liban, une nouvelle dynamique pourrait émerger, avec des conséquences imprévisibles.
Des signaux positifs, mais une prudence maintenue
Malgré le report d’une session prévue samedi, qui pourrait indiquer des obstacles ou des raisons obscures, Téhéran observe des signes encourageants dans les discussions techniques. Des sources proches des négociateurs iraniens parlent d’une « phase de construction de confiance mutuelle » et évoquent la possibilité de conclure un accord d’ici la fin du mois si les discussions progressent favorablement.
Ce qui a facilité les négociations, c’est la position iranienne qui affirme le caractère pacifique de son programme nucléaire et sa volonté de discuter des niveaux d’enrichissement et de la portée de ses missiles. Mais l’économie reste probablement le moteur principal. L’Iran s’ouvre aux investissements américains, et Trump voit là une opportunité considérable, notamment dans les secteurs du gaz, des phosphates et de l’uranium, des ressources dont les États-Unis ont cruellement besoin.
Les décisions diplomatiques de Trump reposent presque exclusivement sur des considérations économiques. Il a ignoré la position européenne sur les échanges commerciaux avec l’Iran et ne s’est pas préoccupé des effets de ses décisions sur les relations diplomatiques. À ses yeux, l’Iran représente une terre d’opportunités, particulièrement dans des secteurs stratégiques.
Un accord réussi pourrait progressivement redéfinir les équilibres régionaux, touchant à de nombreux dossiers. Ce processus s’inscrirait parallèlement à une initiative saoudienne qui propose une solution à deux États pour la Palestine, laquelle pourrait être évoquée lors de la visite prochaine de Trump à Riyad.
Mais un tel succès reste semé d’embûches. Le chemin vers un accord est long, complexe et conditionné à de nombreux paramètres. Ceux qui connaissent les coulisses des négociations affirment que l’avenir de toute la région en dépend, notamment celui du Liban, où le Hezbollah admet en privé qu’un aboutissement favorable pourrait offrir un répit bienvenu après un conflit qui l’a profondément épuisé.