Eté 2025, alors que le Liban est frappé par une crise économique paralysante et une guerre dévastatrice avec Israël ayant causé des pertes humaines et matérielles considérables, le retour des expatriés et des touristes était attendu comme une lueur d’espoir — une chance de redonner vie à une économie en ruines et de reconstruire sur les décombres. Mais les tarifs exorbitants des billets pour Beyrouth ont provoqué l’indignation, soulevant de sérieuses interrogations sur la politique tarifaire des compagnies aériennes, alors même que le pays appelle sa diaspora à revenir et à le soutenir.

Des prix qui s’envolent

Une fois de plus, les prix des billets pour Beyrouth atteignent des sommets cet été. Dans certains cas, l’aller-retour dépasse les 1 300 euros — une somme bien trop élevée pour des familles nombreuses notamment celles avec enfants ou étudiants souhaitant passer leurs vacances au Liban. Un expatrié libanais vivant en Europe a lancé, amer : « Est-ce qu’on achète un billet d’avion ou des actions chez Tesla ? »

La compagnie low-cost Transavia propose des billets à 1 029 euros… sans bagage en soute, uniquement un bagage à main, « une bonne humeur et une brosse à dents », comme l’a plaisanté un voyageur. L’ajout d’une petite valise, de bagages cabine et des taxes peut faire grimper la facture à 1 301 euros.

Les prix chez Air France ne sont guère plus abordables, culminant à 1 274 euros. Un client agacé ironise : « À ce prix-là, je m’attends à ce que le pilote me serve le café, m’appelle « habibi » et me dépose directement chez ma mère. »

Même la compagnie nationale Middle East Airlines (MEA) n’est pas en reste, avec des billets avoisinant les 1 237 euros. Bien que son rôle ait été salué durant la guerre, les expatriés réclament aujourd’hui que la MEA soit « exceptionnelle » aussi en temps de paix, en offrant des réductions ou des facilités à ceux qui souhaitent rentrer pour soutenir leur pays.

Un poids pour les étudiants et les familles

Ces tarifs excessifs pèsent lourdement sur des milliers de jeunes Libanais établis à l’étranger, notamment les étudiants désireux de passer l’été auprès de leur famille, ou les familles espérant passer quelques semaines dans leur pays natal. « Doit-on vendre un rein pour voir sa mère ? » s’interroge-t-on. « Une famille modeste doit-elle monter un business plan ou souscrire un prêt à la consommation pour deux semaines de vacances au pays ? »

Comment planifier dans un pays aussi instable ?

Certains diront qu’il fallait réserver plus tôt. Mais l’instabilité du Liban rend toute planification presque impossible. Comment prévoir un voyage plusieurs mois à l’avance quand les conditions politiques et sécuritaires évoluent de jour en jour ? Quelle garantie que les frontières resteront ouvertes ? Que les infrastructures seront sûres ? Que l’électricité et l’eau seront disponibles ?

Une question légitime : comment aider si l’on n’est pas riche ?

L’expatrié libanais veut revenir, dépenser son argent dans son pays, relancer l’économie, serrer ses proches dans ses bras et célébrer la vie malgré les blessures. Mais beaucoup se demandent aujourd’hui : « Comment revenir et aider si l’on n’est pas riche ? »

La flambée des prix transforme le retour au pays en luxe inaccessible, en rêve lointain, au lieu de l’accueil chaleureux qu’il devrait être.

Un appel à repenser les politiques

Ce cri du cœur n’est pas qu’un simple agacement — c’est un appel lancé aux responsables gouvernementaux, ministère du Tourisme, compagnies aériennes, gestionnaires d’aéroports. Si le Liban a réellement besoin de ses expatriés et de ses touristes, il faut repenser les politiques de transport afin de faciliter l’accès au pays, et non le contraire.

En pleine guerre, avec une économie à genoux et une infrastructure en ruine, le Liban ne peut se permettre de fermer la porte à ceux qui souhaitent l’aider, en leur imposant des billets que seuls les plus aisés peuvent s’offrir.

Le Liban a besoin de chaque expatrié, de chaque touriste — pas besoin du prix d’un billet qui lui rappelle que sa patrie est devenue un rêve hors de portée.