Les pressions américaines et israéliennes sur le Liban s’intensifient afin d’imposer de nouvelles réalités, tandis que le gouvernement libanais fait face à d’importants défis internes susceptibles d’empêcher le pays de glisser vers une guerre totale. La visite du pape Léon XIV a apporté un poids symbolique et moral considérable, mais il est impossible de dire si elle peut modifier les trajectoires politiques et militaires actuellement sur la table, car la solution se trouve ailleurs et nécessite des négociations avec les grandes puissances, et non avec le pape seul.
Cependant, la visite du pape — avec son caractère fortement symbolique et spirituel — a réaffirmé le message de paix et de coexistence au Liban, offrant un soutien aux autorités et contribuant à rendre le climat interne, divisé, plus modéré et plus uni.
On peut dire que cette visite papale est une bougie qui éclaire les ténèbres des crises qui frappent le Liban et son environnement, même si elle ne peut repousser toutes les ombres.
Néanmoins, la scène politique libanaise dans les jours précédant le Nouvel An sera d’une extrême complexité.
Les États-Unis ont fixé au 30 décembre la date limite pour que les autorités libanaises désarment le Hezbollah, avertissant que le Liban serait livré à son sort s’il ne s’y conformait pas.
Israël, à travers ses frappes aériennes quasi quotidiennes sur les régions situées au sud et au nord du fleuve Litani et jusqu’à la Békaa, cherche également à imposer de nouvelles réalités, tandis que ses dirigeants discutent de projets visant à établir une « zone tampon » dans le sud du Liban, administrée par un conseil civil conjoint libano-israélien.
En réponse, le gouvernement libanais devrait annoncer à la fin de « l’échéance américaine » qu’il a achevé le désarmement au sud du Litani et terminé le déploiement de dix mille officiers et soldats dans la zone, aux côtés des forces de la FINUL.
Il se plaindra également à Washington du fait que l’obstruction israélienne a empêché l’achèvement du déploiement jusqu’à la frontière, Israël n’ayant pas retiré ses forces des territoires libanais qu’il occupe.
Le gouvernement libanais soulignera que les armes du Hezbollah au nord du Litani seront traitées en interne à travers la stratégie de sécurité nationale définie dans la déclaration ministérielle et précédemment dans le discours d’investiture du président Joseph Aoun.
Des indicateurs diplomatiques, politiques et de terrain suggèrent jusqu’ici qu’une guerre totale n’est pas inévitable, contrairement à ce que certains avancent, car toutes les parties évitent une escalade généralisée.
Israël poursuit sa guerre d’usure contre le « Hezbollah », qui absorbe les frappes et promet des représailles sans en préciser le moment — sauf s’il est entraîné dans un affrontement de grande ampleur.
Pendant ce temps, le gouvernement libanais appelle les États-Unis et la communauté internationale à obliger Israël à cesser le feu, exprimant sa volonté de négocier — sous patronage américain — un accord de délimitation des frontières terrestres et de mettre fin à l’état de guerre, à l’image de l’accord de 2022 sur la délimitation maritime.
La position libanaise
Le Liban n’a reçu aucune réponse diplomatique d’Israël ou des États-Unis à ses initiatives — notamment celle lancée par le président depuis le sud à la veille de la Fête de l’Indépendance — ce qui laisse penser que la situation restera inchangée.
La pression militaire israélienne devrait s’intensifier dans un contexte de désaccord interne sur le contrôle exclusif des armes, le Hezbollah refusant de se désarmer tant qu’Israël ne s’engage pas à un cessez-le-feu et au retrait des territoires libanais qu’il occupe.
Le sort des armes du Hezbollah serait ensuite défini dans le cadre d’une stratégie de sécurité nationale, comme récemment proposé par le secrétaire général adjoint du parti, le cheikh Naïm Qassem.
La crise politique et économique persistante place le Liban devant des échéances cruciales au début de 2026.
La plus importante d’entre elles est l’élection parlementaire, menacée de report ou d’annulation en cas de nouvelle guerre — indépendamment des différends internes sur la loi électorale.
Que veut Israël ?
Dans un contexte d’escalade au Liban et dans la région, Israël cherche à redessiner la carte sécuritaire et à affaiblir l’influence de l’Iran, avec un soutien américain évident visant à imposer les conditions de Washington par la diplomatie et par des pressions financières et militaires.
Israël veut le désarmement total du Hezbollah, l’établissement d’une « zone tampon » au sud du Litani et l’encerclement sécuritaire du Liban par un arrangement avec la Syrie — tout en affrontant simultanément l’Iran et ses alliés régionaux.
Pour atteindre ces objectifs, Israël mène des frappes quasi quotidiennes au nord du Litani et en profondeur dans le territoire libanais, assassine des dirigeants militaires du Hezbollah et menace quotidiennement le parti d’une guerre de grande ampleur s’il ne se désarme pas.
Mais les objectifs d’Israël vont au-delà et incluent l’imposition d’une zone tampon dans le sud.
La position américaine
Pour sa part, les États-Unis soutiennent les objectifs d’Israël — en particulier le désarmement du Hezbollah — et exercent des pressions sur le gouvernement libanais pour qu’il l’accomplisse d’ici la fin de l’année, tout en travaillant à tarir les sources de financement du parti et à l’isoler financièrement en ciblant ses institutions.
Sous la bannière du « renforcement de l’autorité de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire », Washington a récemment fourni 230 millions de dollars d’aide à l’armée libanaise, accompagnés d’une équipe de conseillers militaires, tout en cherchant parallèlement à isoler l’Iran sur les plans économique et politique.
Cela montre que Washington n’est pas un simple spectateur, mais un partenaire stratégique actif d’Israël.
Les États-Unis ne se contentent pas d’un soutien politique et militaire inconditionnel ; ils dirigent également la campagne de pressions diplomatiques et financières sur le Liban pour l’obliger à se conformer aux exigences américano-israéliennes.
La déclaration récente de l’ambassadeur américain au Liban, Michel Issa, publiée dans Haaretz — affirmant qu’« Israël n’a pas besoin de la permission des États-Unis pour se défendre » — a révélé l’ampleur réelle du soutien de Washington.
Et tandis que le président Donald Trump disait au président Aoun que le Liban se tenait à un « carrefour historique », la réalité montre que le Liban et la région s’y trouvent ensemble.
Les développements actuels indiquent deux issues possibles : soit une guerre de grande ampleur si le Hezbollah refuse de se désarmer, soit la réussite des pressions poussant les acteurs libanais et régionaux à accepter une négociation menant à un règlement en alternative à la guerre.
À la lumière de tous ces éléments, la course s’intensifie à l’approche de la date limite fixée par Washington pour le désarmement du Hezbollah — avant d’éventuelles autres options qui ne serviraient les intérêts de personne.
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