Tous les efforts, pressions, conseils et mises en garde se sont avérés vains avec le « Hezbollah », malgré les tentatives de le convaincre de la nécessité — voire de l’inévitabilité — de renoncer à ses armes conformément à deux décisions : la résolution de cessez-le-feu adoptée il y a moins d’un an, et la décision du gouvernement libanais du 5 août dernier imposant le « monopole des armes » à l’État.
En réalité, la direction du parti est prise entre deux feux : celui de sa référence iranienne, qui l’épuise jusqu’au dernier souffle, et celui de sa propre communauté, inquiète de devenir le combustible des crises de cette référence. Cette base oscille entre les récits, les slogans et les promesses déçues qui lui ont été servis, et la rhétorique enflammée, les livres ouverts et les discours répétitifs que lui servent son héritier conjoncturel, le cheikh Naim Qassem, ainsi que les cadres de second rang qui rivalisent pour la visibilité et la succession.
Cette confusion s’accentue lorsque ces responsables jouent sur l’émotion et la sensibilité de leur base en proclamant le retour de la force, la pleine capacité d’affrontement et la restauration de leurs moyens — des déclarations qui offrent à Israël un prétexte public pour affirmer ce qu’il considère comme son « droit » à se protéger face à la puissance renouvelée du Hezbollah.
Des doutes émergent désormais quant aux contradictions du dernier discours de Qassem, dans lequel il a simultanément « rassuré » Israël quant à la sécurité de ses colonies du Nord, tout en le menaçant d’une riposte à ses attaques qui « ne tardera pas ».
Au-delà de ces doutes, le secrétaire général a commis une autre maladresse en affirmant que le parti avait assumé la responsabilité pendant quarante-deux ans avant de la remettre récemment à l’État — un aveu qui révèle l’ampleur de l’échec, de l’effondrement, du dépérissement institutionnel et de la mise à nu du Sud sous son autorité pendant quatre décennies.
S’ajoutant à cet échec, l’Iran cautionne le refus de son bras libanais d’accepter toutes les initiatives internationales et arabes, y compris la dernière proposition égyptienne — empreinte de rationalité politique et de gestion douce — destinée à éviter une confrontation décisive et dévastatrice sur les plans militaire et financier.
Ce qui frappe, c’est que Téhéran n’a toujours pas rectifié la position de son bras libanais malgré la montée des menaces militaires israéliennes et des pressions financières américaines, comme si les messages fermes transmis par la délégation américaine de haut niveau — sécuritaire, financière et politique — récemment à Beyrouth ne la concernaient pas, pas plus que les listes croissantes de cibles israéliennes.
Au milieu de cette escalade, l’étendue de l’impuissance de l’État libanais apparaît clairement. Son président, Joseph Aoun, l’a exprimé ouvertement en déclarant : « La demande du Liban à la communauté internationale de mettre fin aux attaques israéliennes n’a donné aucun résultat. » Il sait parfaitement — quoique discrètement — que la communauté internationale lie explicitement l’arrêt de ces attaques au désarmement du « Hezbollah », non seulement au sud du Litani mais sur l’ensemble du territoire libanais, comme le stipule l’accord de cessez-le-feu et non l’interprétation restrictive du cheikh Qassem.
Cette impasse, qui bloque toutes les tentatives diplomatiques croisées, ramènera inévitablement la formule du « c’est le terrain qui parle », résultat naturel du choc entre l’incapacité de l’État et le refus du « Hezbollah » — l’incapacité de l’État à appliquer sa décision d’exclusivité des armes dans des délais raisonnables, et le refus répété du parti de s’y conformer.
Cette fermeture totale face aux initiatives arabes et internationales pourrait bien créer le climat idéal pour l’application de la formule du président américain Donald Trump, « paix par la force ».
N’est-ce pas cette même formule dont il se vante, affirmant avoir mis fin à huit guerres, tandis que d’autres — comme le conflit russo-ukrainien — figurent encore à son agenda ?
Ce qui est remarquable, c’est l’absence — ou l’incapacité — de toutes les autres puissances mondiales, y compris la Chine, la Russie et l’Europe, à concurrencer ou briser cette formule trumpienne, ou sa variante : les « Accords d’Abraham », qui s’étendent progressivement au Moyen-Orient et dans son voisinage.
Faut-il dès lors s’étonner si le président syrien Ahmad Al-Charaa annonce des négociations directes avec Israël dans le cadre de ces accords, ou si The Washington Post affirme qu’« un accord de paix arabo-israélien plus durable pourrait émerger d’un endroit inattendu : le Liban » ?
Entre l’insistance du président libanais sur des négociations avec Israël comme unique voie de salut et la montée d’un discours régional sur la paix, il existe plus qu’un simple parallèle : une convergence qui dépasse l’hésitation lassante entre négociations directes ou indirectes, techniques ou politiques, normalisantes ou non.
La paix véritable — fondée sur les droits et les constantes de l’histoire et de la géographie — transcende les formules et considérations formelles, déconstruit les héritages du passé, et offre à Beyrouth une leçon que la capitale doit tirer de « la capitale battante de l’arabité », sa voisine Damas, qui avance d’un pas assuré vers un avenir de stabilité et de paix.
Un peu de courage dans la paix pourrait bien ranimer le cœur du Liban.
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