Selon les dernières données du Numbeo Traffic Index 2025, plusieurs pays arabes enregistrent des niveaux élevés de congestion routière. L’Égypte arrive en tête, occupant la sixième place mondiale avec un indice de congestion de 226,7 points, suivie de la Jordanie, classée 13e au niveau mondial avec 187,1 points, puis du Liban, en 15e position avec 183,8 points. D’autres pays arabes affichent des taux relativement plus faibles : les Émirats arabes unis (22e – 168,4), le Koweït (26e – 162,0), l’Arabie saoudite (40e – 140,9) et le Qatar (47e – 134,9).

Liban : embouteillages massifs et infrastructures inadaptées

Le classement du Liban comme troisième pays arabe le plus embouteillé n’a rien de surprenant. Selon l’Association des importateurs de voitures au Liban, le nombre de véhicules enregistrés dépasse 1,6 million, soit environ une voiture pour trois habitants — un chiffre considérable compte tenu de la petite superficie du pays et de la faiblesse de ses infrastructures. De plus, environ 40 % des voitures au Liban ont plus de 15 ans, ce qui entraîne des émissions plus élevées, une plus grande consommation de carburant et des pannes fréquentes qui aggravent encore la circulation. Dans la capitale, Beyrouth, les conducteurs passent plus de 90 heures par an coincés dans les embouteillages, un chiffre qui place la ville parmi les capitales les plus congestionnées du Moyen-Orient.

Les raisons de l’aggravation du problème

- Absence de transport public organisé : le pays ne dispose ni de métro, ni de réseau ferroviaire, ni même d’un service régulier d’autobus.

- Dépendance excessive à la voiture privée : due à la perte de confiance dans les transports partagés et à l’absence d’alternatives de mobilité.

- Chaos dans le stationnement : surtout dans la capitale et sa banlieue, où le stationnement anarchique occupe plus de 30 % de l’espace routier.

- Manque de planification urbaine durable : l’expansion urbaine non contrôlée a accru la pression sur un réseau routier déjà saturé.

L’expert en transport urbain Wael Najm déclare à Al Safa News : « Le Liban souffre d’une crise structurelle des transports qui ne peut être résolue par la construction de nouvelles routes, mais par un changement du modèle de mobilité existant. Ce qu’il faut, c’est une vision globale qui commence par la création d’une autorité nationale des transports publics, l’organisation du transport collectif et la promotion de la mobilité électrique, surtout avec l’arrivée de voitures électriques et hybrides sur le marché libanais. »

Najm ajoute que « la transition vers des modes de transport durables ne réduit pas seulement la congestion, mais a aussi un impact positif sur l’économie nationale, en diminuant la facture d’importation de carburant et en améliorant la qualité de l’air dans les grandes villes ».

En conclusion

Les embouteillages au Liban ne sont pas seulement un problème de circulation, mais le reflet d’une crise chronique de planification urbaine et économique. Avec le nombre de véhicules en constante augmentation et l’absence d’une vision claire pour les transports publics, la solution à cette crise ne réside pas dans l’élargissement des routes, mais dans la transformation des modes de déplacement des Libanais — vers un avenir plus durable et plus efficace.